Le mythe d'Er by Negrete Javier

Le mythe d'Er by Negrete Javier

Auteur:Negrete Javier [Javier, Negrete]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
ISBN: 2-84172-244-9
Éditeur: L'Atalante
Publié: 2012-12-31T16:00:00+00:00


Quelques jours plus tard, ils virent une rivière tumultueuse qui descendait du nord ; ils la remontèrent et atteignirent un couloir profondément encaissé. Alexandre envoya des éclaireurs sur les crêtes alentour et, une fois les hauteurs sous contrôle, il ordonna la traversée. Il y avait des nuées de mouches et de moustiques, sans doute les derniers de l’été, qui rendaient la marche impossible.

Malgré tout, Glaucias ne cessait de scruter les parois du défilé.

— Tu as peur que des ennemis jaillissent de ces rochers ? plaisanta Léonnatos.

— J’ai peur que ces rochers deviennent nos ennemis, répondit le commandant.

La moitié de l’expédition avait déjà quitté la gorge ; les hommes se regroupaient dans une vaste prairie quand des cris retentirent à l’arrière. Un cavalier macédonien arriva au galop : l’arrière-garde essuyait une embuscade. À cheval près d’Alexandre, Euctémon songea aux chariots et se rappela les paroles de Nebet. Je sais que tu veilles sur moi. Sans y réfléchir à deux fois, il tourna bride et s’enfonça de nouveau au cœur du défilé.

Galoper à contre-courant en esquivant les hommes, les bêtes et les arbres fut une épreuve terrible pour lui, avec ses rudiments d’équitation. Obsédé par une chute éventuelle, il dépassa sans s’arrêter le convoi des chariots et des bêtes de somme pour se trouver au beau milieu des hypaspistes et des cavaliers qui fermaient la marche. Lisanias, le capitaine des Compagnons, s’approcha et attrapa les rênes de son cheval.

— Où cours-tu ainsi, Euctémon ? questionna-t-il d’un ton moqueur. Au lieu de fuir le danger, tu vas te jeter dans la gueule du loup.

— Je ne fuyais pas, je voulais être utile, répondit le médecin.

— Pardonne-moi, je n’avais pas l’intention de t’offenser, répondit Lisanias, très sérieux. Coiffe ton casque, ça vaut mieux. Jusqu’ici, on nous a simplement jeté des cailloux et nous n’avons pas vu grand-chose, mais restons vigilants.

Lisanias leva les yeux. Sur la crête en face d’eux, cinquante coudées plus haut environ, un soldat grec leur adressa un salut du bras. Tout danger semblait écarté. Mais sa main resta figée en l’air et une forme allongée jaillit du torse du soldat qui se plia en deux puis tomba au fond du ravin.

— Nouvelle attaque ! Alerte ! s’écria le capitaine.

Un grand fracas résonna au-dessus d’eux. Euctémon leva les yeux et vit une avalanche de terre et de roches dévaler les parois du précipice, arrachant tous les arbres au passage. Il éperonna sa monture et tenta de s’enfuir ; le cheval l’emmena vers l’intérieur du défilé. Il parcourut un demi-stade environ avant de risquer un coup d’œil en arrière.

Un tas de pierres barrait la route. Euctémon avança prudemment et vit des bras et des jambes qui sortaient de la terre et des roches. Il ne pouvait franchir cette muraille sans pénétrer dans la rivière. Cinq autres cavaliers étaient isolés comme lui, dont Glaucias en personne.

— Il ne faut pas rester ici, les pressa le capitaine. Vite, à l’eau !

Mais de nulle part et de toutes parts à la fois, comme jaillis des roches



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