Le Monastère des frères noirs by Étienne-Léon de Lamothe-Langon

Le Monastère des frères noirs by Étienne-Léon de Lamothe-Langon

Auteur:Étienne-Léon de Lamothe-Langon [Lamothe-Langon, Étienne-Léon de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romans
Éditeur: Ebooks libres et gratuits
Publié: 2014-09-17T17:57:17+00:00


CHAPITRE XXVI.

Le jour suivant était un lundi, et le lendemain devait se faire la cérémonie du mariage de Lorédan. On doit croire qu’il ne fut pas sans occupation ; et malgré son extrême envie de courir à Rosa-Marini, il ne put le faire. À chaque heure arrivaient les hauts barons, ses parens ou ses amis ; les dames qu’ils amenaient avec eux exigeaient impérieusement la présence de Francavilla à Altanéro, pour qu’il leur en fît les honneurs ; aussi, pour la première fois il se vit contraint à ne pas donner à son Ambrosia la preuve accoutumée de sa tendresse.

Une foule d’ouvriers en tous genres remplissaient le château ; on dressait à l’entrée, des arcs de triomphe en feuillage, où resplendissaient réunies les armes des Francavilla et des Ferrandino. Partout, d’élégantes draperies se mariaient à des guirlandes de fleurs ; dans l’intérieur, on tendait les tapisseries les plus riches, mêlées aux plus superbes étoffes. On suspendait aux voûtes des cordons de lumière, des candélabres garnis de bougies. On plaçait çà et là des vases d’orangers, de grenadiers, de plantes précieuses, qui se mêlaient au porphyre, au bronze, au marbre, aux superbes statues, aux miroirs de Venise, dans lesquels venaient se réfléchir la multitude animée qui parcourait les appartemens du château.

Tons les domestiques, les pages, les musiciens, habillés de livrées neuves et somptueuses ; les vassaux, parés de leurs plus beaux habits de fête, se pressaient de tous côtés, soit pour admirer soit pour servir. Oh ! combien en ce moment la position de Francavilla était enviée ; et qui eût dit qu’alors sa magnificence, sa générosité, répandaient partout la joie, appelaient les plaisirs ; son cœur était mélancolique, et ne partageait pas l’allégresse qui respirait sur sa figure.

Oui, Lorédan s’étonnait lui-même de trouver aussi peu de charme en un jour qui devait combler tous ses vœux ; malgré lui, il redoutait qu’un événement sinistre ne vînt empoisonner la commune félicité ; et quand il voyait autour de lui des groupes riants, des danses animées, il s’en voulait de ne point partager leur sécurité.

Mais si du moins telles étaient ses secrètes pensées, il n’eut garde de les faire connaître ; il renferma soigneusement dans son âme les sombres pressentimens qui venaient le tourmenter.

Ce fut dans ces tristes pensées que se passa la journée du lundi, pour lui ; mais a l’aurore du mardi, l’Amour, fâché d’être vaincu, chercha à prendre sa revanche ; il entra dans le cœur de Lorédan, et lui présentant le tableau de son prochain bonheur, l’enivra si bien de cette douce idée, que toutes les autres furent oubliées.

Le marquis, en se levant, s’empressa de revêtir la riche parure qu’il devait porter à l’instant de la cérémonie : elle se composait d’un pourpoint en étoffe d’or, brodé sur toutes les tailles, d’une broderie à ramage cramoisi et à argentures avec basques et cravattes de satin bleu de roi ; le nœud d’épaule, en gros de naple bleu, était pareillement brodé, et attachait des bandes de velours cramoisi garnies de réseaux et de glands d’or.



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