Le modèle républicain by Odile Rudelle Serge Berstein

Le modèle républicain by Odile Rudelle Serge Berstein

Auteur:Odile Rudelle, Serge Berstein [Odile Rudelle, Serge Berstein]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire, politique et gouvernement
Éditeur: Presses Universitaires de France
Publié: 2015-03-10T23:00:00+00:00


Un modèle ou des modèles

Incontestablement, la thématique du premier antifascisme italien, celui de l’intérieur jusqu’en 1925-1926, comme celui des fuorusciti avant et après cette date, se nourrit de références à un modèle français. Mais de quel modèle s’agit-il ? Est-il unique et homogène ou, comme son homologue de l’avant-guerre, fait-il intervenir des variantes ? Qu’y a-t-il de commun, et y a-t-il quelque chose de commun, entre la vision de la France d’un Nitti, celle d’un Campolonghi, d’un Croce ou d’un Gramsci ? Se réfère-t-il à la réalité présente de la démocratie française, ou à un passé plus ou moins lointain et plus ou moins mythifié ? Essayons, pour y voir clair, de donner quelques éléments de réponse à ces diverses interrogations.

Premier point, il n’y a pas un modèle français mais plusieurs auxquels se réfèrent les divers courants de l’antifascisme italien. Simplement, il y en a un qui de loin domine tous les autres et inspire la plus grande partie de la littérature politique de l’époque. C’est celui qui a été évoqué au début de cet article et qui constitue l’une des matrices de l’idéologie de la gauche laïque : socialiste, républicaine et démocrate.

L’idée de la France dont celle-ci se réclame est celle du pays des Droits de l’Homme, du pays guide où les grands idéaux de 1789 – l’amour de la liberté, la foi en l’homme, la croyance en un progrès continu et illimité des sociétés humaines – ont donné naissance à des institutions, à des traditions et à des comportements authentiquement démocratiques. À travers ses chefs historiques, l’antifascisme italien d’inspiration laïque et socialiste retrouve en France les « textes sacrés » de sa formation intellectuelle, en même temps que la confirmation du bien-fondé de ses choix politiques. Ce mythe de la France, terre de liberté et de progrès, se nourrit de références historiques soigneusement sélectionnées et idéalisées dont on trouve mention dans nombre d’écrits antifascistes, par exemple dans ces quelques notes rédigées par Carlo Rosselli au tout début de son exil, probablement pour la préparation d’un discours. Elles résument assez bien cette vision par l’antifascisme de l’histoire de France perçue comme une histoire universelle et comme un exemple à suivre :

Vous êtes un peuple qui avez souffert et combattu pour la liberté et la démocratie, un peuple qui ne ressent pas très fortement les problèmes de politique étrangère, de puissance, mais immensément les problèmes de politique intérieure, les problèmes civils qui affectent l’homme, le citoyen, dans sa vie ordinaire et dans sa personnalité. Lien entre les deux histoires. On peut dire qu’à chaque génération vous vous êtes reposé le problème.

En 1789, vous avez donné au monde quelques mots essentiels et vous avez expérimenté, dans l’atmosphère fébrile, bouleversante de ces quatre années, toutes les conceptions politiques et sociales qui se développeront dans le siècle suivant, et même dans le courant de notre siècle. L’Encyclopédie et les économistes, Sieyès, la nouvelle Constitution ; la Gironde, la démocratie libérale : Danton, Robespierre, le jacobinisme : Babeuf, le socialisme. Et lorsque vous avez fait une guerre d’expansion, ce sont des idées que vous emportez à la pointe des baïonnettes.



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