Le Messager--tome 1 by Marie Gufflet

Auteur:Marie Gufflet
La langue: fra
Format: epub
Tags: Adolescence;Amour;Amitié ;Valeurs;Suicide;Université;Etudiante;Ange;Message;Identité ;Mobilité;Réunion;Métropole;Mode
Éditeur: 20 décembre
Publié: 2014-01-15T00:00:00+00:00

12. Lui

Sans surprise cette nuit-là, nous avons eu du mal à trouver le sommeil. Charlène est restée allongée sur le lit, tandis que je me suis installée au bureau pour relire les notes que j’avais prises sur notre agresseur, essayant de recouper les différents indices. Puis tombant de fatigue, je me suis couchée aux côtés de ma nouvelle amie pour finalement m’endormir.

Au petit déjeuner, j’ai préparé pour nous des toasts grillés tartinés de chocolat noir, du jus de pomme et un yaourt nature. Malgré ma tristesse, le petit déjeuner demeurait pour moi un moment privilégié. Je ne pensais à rien. Je savourais ce que je mangeais au son de la mélodie qui emplissait la pièce. Lady Antebellum était l’un de mes groupes préférés. Et ce matin, «As you turn away» me paraissait parfait pour exprimer ce que je ressentais pour Daniel. J’ai mis de la cannelle en poudre et du miel dans mon yaourt en écoutant attentivement la chanteuse: « I keep reaching out to you as you turn away...»

Charlène est sortie de la salle de bain, enroulée dans sa serviette. Elle était magnifique. Malheureusement depuis son agression, elle semblait se laisser aller: elle ne se maquillait plus et ne s’habillait plus que de vêtements amples.

Sur notre trajet pour l’université, nous avons parlé de nos passions respectives. Elle aussi aimait la danse. Charlène et moi avions plus de choses en commun que je ne l’aurais cru. Pendant son année de seconde, elle avait hébergé chez elle une anglaise et ensemble, elles avaient voyagé en Afrique du Sud, à Durban. Elle aussi avait aimé cette ville.Elle aussi aimait parler anglais. Nous nous comprenions.

Arrivées à la fac, nous l’avons cherché mais lui n’était pas là.

À la pause déjeuner, j’ai partagé à Charlène ce que je venais de vivre ces derniers mois: le meurtre de Béa, comment j’avais échappé de peu au viol, les cauchemars, ma tentative de suicide, les attaques démoniaques, l’intrusion nocturne. J’étais persuadée que le tueur et le pervers qui s’est introduit dans mon studio n’était qu’une seule et même personne. Grand et mince, il était sorti par la fenêtre calmement. Tout collait à l’exception que la deuxième fois, je n’avais pas entendu sa voix et lui ne semblait pas porter de cagoule.

— J’ai bien réfléchi Raphaëlle. Ça ne peut-être que lui.

— C’est vrai que physiquement, il peut correspondre, mais sa voix n’est pas la même Charlène.

— Quand les gens sont énervés, leur timbre de voix change, a-t-elle argumenté. J’ai reconnu sa voix sur le répondeur. Il a la même façon de dire « Ça va aller ». C’est lui, je te dis.

— Alors il faut que nous le prouvions. Nous en parlerons à Daniel après le cours.

— Oui, il vaut mieux.

Le cours de self-défense a commencé. Lui ne paraissait pas content, son visage était figé, ses sourcils froncés.

— Je ne donnerai cours que le mardi à présent. Et si j’entends encore des rumeurs sur moi couchant avec certaines des élèves, je vous promets, que je vire le ou la coupable de mon cours.

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