Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède by Lagerlöf Selma

Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède by Lagerlöf Selma

Auteur:Lagerlöf, Selma [Lagerlöf, Selma]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature suédoise
Éditeur: Le Livre de Poche
Publié: 1942-07-14T22:00:00+00:00


Le garçon savait qu'il aurait dû immédiatement répondre qu'il ne voulait pas le faire, mais il savait aussi qu'alors les pattes d'ours qui le tenaient se refermeraient sur lui et le tueraient. «Je dois réfléchir un peu », dit-il.

— Bon, je veux bien, dit l'ours. Tu sais, c'est ce fer justement qui a donné aux hommes un tel pouvoir sur nous, les ours. Et c'est l'autre raison pour laquelle je voudrais mettre fin à ce qui se passe ici.

Le garçon espérait pouvoir profiter du répit pour imaginer un moyen de s'enfuir, mais il avait si peur qu'il n'arrivait pas à maîtriser ses pensées et, au lieu de cela, il se mit à penser à tous les avantages que le fer procurait aux hommes. Ils avaient besoin de fer pour tout. Il y avait du fer dans la charrue qui labourait les champs, dans la hache qui construisait les maisons, dans la faux qui fauchait les blés, dans le couteau aux mille usages. Il y avait du fer dans le mors qui guidait le cheval, dans la serrure qui fermait la porte, dans les clous qui assemblaient les meubles, dans la tôle qui couvrait les toits. Le fusil, qui avait exterminé les bêtes sauvages, était en fer, comme la pioche qui avait creusé les mines. Le fer cuirassait les vaisseaux de guerre qu'il avait vus à Karlskrona, les locomotives parcouraient le pays sur des rails en fer, en fer était l'aiguille qui cousait le manteau, les ciseaux qui tondaient les moutons, la marmite contenant le repas. Grands ou petits, tous les objets utiles et indispensables étaient en fer. L'ours avait raison de dire que le métal avait donné aux hommes leur avantage sur les ours.

— Bon, alors, tu veux ou tu ne veux pas ! dit l'ours.

Le garçon fut arraché brutalement à ses pensées. Voilà qu'il perdait son temps à des choses inutiles et qu'il n'avait pas encore trouvé moyen de s'échapper. «Ne soyez pas si impatient, dit-il. Il s'agit de quelque chose d'important, et il me faut du temps pour réfléchir. »

— Bon, eh bien réfléchis encore un moment, dit l'ours. Mais laisse-moi te dire que c'est à cause du fer que les hommes sont devenus plus intelligents que nous, les ours, et que cette raison suffit à me donner envie de faire cesser ce qui se passe ici.

Le garçon voulut mettre à profit ce nouveau répit pour imaginer une fuite, mais ses pensées battaient la campagne ce soir-là, et elles revinrent se fixer autour du fer. Il comprit à quel point les hommes avaient été obligés de penser et d'inventer avant de trouver comment fondre le minerai pour en extraire le fer. Et il vit en pensée de vieux forgerons noircis penchés sur leur forge en train de réfléchir aux moyens de manipuler le fer. C'était peut-être parce qu'ils avaient tant réfléchi sur le fer que l'intelligence s'était développée chez les hommes, jusqu'à leur permettre de concevoir et de construire de grandes usines comme celle-ci. Les hommes étaient sans doute plus redevables au fer que ce qu'eux-mêmes soupçonnaient.



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