Le menteur by Pierre Corneille

Le menteur by Pierre Corneille

Auteur:Pierre Corneille
La langue: fra
Format: epub
Tags: Literature
Éditeur: eBooksLib
Publié: 2001-11-12T16:00:00+00:00


ACTE III , SCENE V .

Clarice.

Isabelle, durant notre entretien demeure en sentinelle.

Isabelle.

Lorsque votre vieillard sera prêt à sortir, je ne manquerai pas de vous en avertir.

Lucrèce.

Il conte assez au long ton histoire à mon père.

Mais parle sous mon nom, c'est à moi de me taire.

Clarice.

êtes-vous là, Dorante ?

Dorante.

Oui, madame, c'est moi, qui veux vivre et mourir sous votre seule loi.

Lucrèce.

Sa fleurette pour toi prend encor même style.

Clarice.

Il devroit s'épargner cette gêne inutile.

Mais m'auroit-il déjà reconnue à la voix ?

Cliton.

C'est elle ; et je me rends, monsieur, à cette fois.

Dorante.

Oui, c'est moi qui voudrois effacer de ma vie les jours que j'ai vécu sans vous avoir servie.

Que vivre sans vous voir est un sort rigoureux !

C'est ou ne vivre point, ou vivre malheureux ; c'est une longue mort ; et pour moi, je confesse que pour vivre il faut être esclave de Lucrèce.

Clarice.

Chère amie, il en conte à chacune à son tour.

Lucrèce.

Il aime à promener sa fourbe et son amour.

Dorante.

à vos commandements j'apporte donc ma vie, trop heureux si pour vous elle m'étoit ravie !

Disposez-en, madame, et me dites en quoi vous avez résolu de vous servir de moi.

Clarice.

Je vous voulois tantôt proposer quelque chose ; mais il n'est plus besoin que je vous la propose, car elle est impossible.

Dorante.

Impossible ! Ah ! Pour vous je pourrai tout, madame, en tous lieux, contre tous.

Clarice.

Jusqu'à vous marier, quand je sais que vous l'êtes ?

Dorante.

Moi, marié ! Ce sont pièces qu'on vous a faites ; quiconque vous l'a dit s'est voulu divertir.

Clarice.

Est-il un plus grand fourbe ?

Lucrèce.

Il ne sait que mentir.

Dorante.

Je ne le fus jamais ; et si par cette voie on pense...

Clarice.

Et vous pensez encor que je vous croie ?

Dorante.

Que le foudre à vos yeux m'écrase, si je mens !

Clarice.

Un menteur est toujours prodigue de serments.

Dorante.

Non, si vous avez eu pour moi quelque pensée qui sur ce faux rapport puisse être balancée, cessez d'être en balance et de vous défier de ce qu'il m'est aisé de vous justifier.

Clarice.

On diroit qu'il dit vrai, tant son effronterie avec naïveté pousse une menterie.

Dorante.

Pour vous ôter de doute, agréez que demain en qualité d'époux je vous donne la main.

Clarice.

Eh ! Vous la donneriez en un jour à deux mille.

Dorante.

Certes, vous m'allez mettre en crédit par la ville, mais en crédit si grand, que j'en crains les jaloux.

Clarice.

C'est tout ce que mérite un homme tel que vous, un homme qui se dit un grand foudre de guerre, et n'en a vu qu'à coups d'écritoire ou de verre ; qui vint hier de Poitiers, et conte, à son retour, que depuis une année il fait ici sa cour ; qui donne toute nuit festin, musique et danse, bien qu'il l'ait dans son lit passée en tout silence ; qui se dit marié, puis soudain s'en dédit : sa méthode est jolie à se mettre en crédit !

Vous-même, apprenez-moi comme il faut qu'on le nomme.

Cliton.

Si vous vous en tirez, je vous tiens habile homme.

Dorante.

Ne t'épouvante point, tout vient en sa saison.

De ces inventions chacune a sa raison : sur



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