Le mensonge by Michael Weaver

Le mensonge by Michael Weaver

Auteur:Michael Weaver [Weaver, Michael]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2016-08-21T00:00:00+00:00


43

Le président Jimmy Dunster alla s’asseoir à l’extrémité de la grande salle de conférence de Wannsee en compagnie de son épouse et du chancelier Eisner. Son arrivée ne passa pas inaperçue.

Klaus Logefeld, lui, ne se rendit compte de l’identité du nouvel arrivant qu’après avoir remarqué le brouhaha qui s’élevait de la salle et le mouvement des têtes qui pivotaient toutes dans la même direction.

Il lui fallut plusieurs secondes pour prendre la mesure de ce qui se passait.

Il donna un petit coup de coude à son grand-père.

Le vieil homme hocha la tête.

— J’ai vu.

La femme du Président semblait à la fois plus jeune et plus belle que sur les photos, mais il en allait tout autrement de Jimmy Dunster, qui paraissait au contraire plus frêle et plus âgé.

Klaus et son grand-père échangèrent un regard.

Le vieil homme haussa les épaules.

Sur un signe du chancelier Eisner, le ministre allemand des Affaires étrangères, qui présidait la session, mit un terme abrupt aux discussions.

— Mesdames et messieurs, j’ai l’honneur et le privilège de saluer la présence parmi nous de M. Jimmy Dunster, président des États-Unis d’Amérique, et l’un des principaux initiateurs de la conférence de Wannsee sur les droits de l’homme.

Un tonnerre d’applaudissements suivit ces propos, puis tous les participants se mirent debout pour manifester leur enthousiasme.

Jimmy Dunster se leva lentement de son siège et se tourna vers sa femme, qui applaudissait comme les autres. Il sentit alors ses yeux s’embuer de larmes.

Jimmy Dunster s’avança vers l’estrade et le lutrin qui avait été dressé pour le discours d’ouverture du chancelier.

Il demeura là un moment, immobile, face aux applaudissements qui lui parvenaient par vagues.

Il disposa sur le lutrin le discours qu’il avait soigneusement préparé, mais le désir de le lire l’abandonna au même instant. De toute façon, avec ses yeux embués il aurait eu le plus grand mal à le faire. Il savait que les caméras de télévision transmettaient ses larmes aux quatre coins du monde, et il eut honte de la satisfaction qu’il en éprouvait.

Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Pourquoi ai-je besoin de ça ? se dit-il.

Il sentait ses genoux sur le point de se dérober sous lui. Chaque respiration lui faisait l’effet d’un coup de couteau, et son cauchemar habituel lui revint en force : avoir une crise d’angine de poitrine en public. Puis le malaise se dissipa, tandis que l’assistance se calmait et que l’on n’entendait plus que les appareils photo et les caméras de télévision.

Pas de platitudes, s’exhorta-t-il. Si tu n’as que ça à dire, autant rentrer tout de suite chez toi.

Il commença avec lenteur, gagnant petit à petit en puissance pour dénoncer le massacre continuel de millions d’êtres humains en raison de leur race, de leur nationalité ou de leur religion.

Il évoqua l’image des morts innombrables, de leurs ossements enfouis dans des fosses communes, des crânes blanchis aux orbites vides.

En parcourant l’assistance, il avisa soudain le visage et le corps mutilés d’un vieil homme, et il eut le sentiment de se trouver face à l’un de ces cadavres.

La lumière que déversait l’une des hautes fenêtres derrière lui auréolait sa chevelure blanche.



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