Le Malaise dans la culture by Sigmund Freud

Le Malaise dans la culture by Sigmund Freud

Auteur:Sigmund Freud
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Flammarion
Publié: 2014-06-15T00:00:00+00:00


IV

Cette tâche semble démesurée, et l’on peut bien avouer son découragement. Voici le peu que j’ai pu deviner.

Après que l’homme originel eut découvert qu’il avait – littéralement – entre ses mains l’amélioration de son sort sur la terre par le travail, il ne put lui être indifférent qu’un autre travaillât avec ou contre lui. L’autre acquit pour lui la valeur d’un collaborateur avec qui il était utile de vivre. Encore auparavant, à l’époque reculée où il était proche du singe, il avait pris l’habitude de fonder des familles ; les membres de la famille étaient vraisemblablement les premiers qui l’ont aidé. La fondation d’une famille était probablement en corrélation avec le fait que le besoin de satisfaction génitale ne survenait plus comme un hôte qui apparaît soudain chez quelqu’un et ne donne après son départ plus de nouvelles pendant longtemps, mais comme un locataire s’installant à demeure chez l’individu. Par là, le mâle trouvait un motif pour garder auprès de lui la femme – ou plus généralement, les objets sexuels ; les femelles, qui ne voulaient pas se séparer de leurs petits sans elles privés de secours, durent aussi, dans l’intérêt de ceux-ci, demeurer auprès du mâle, plus fort1. Dans cette famille primitive nous manque encore un trait essentiel de la culture ; l’arbitraire du père et chef suprême était illimité. Dans Totem et tabou, j’ai tenté de montrer la voie qui conduisait de cette famille au stade suivant de la vie en commun, sous la forme des alliances de frères. Par la victoire sur le père, les fils avaient fait l’expérience qu’une association peut être plus forte qu’un individu. La culture totémique repose sur les restrictions qu’ils durent s’imposer mutuellement pour maintenir ce nouvel état. Les prescriptions du tabou furent le premier « droit ». La vie en commun des hommes fut ainsi fondée doublement, par la contrainte au travail créée par les nécessités extérieures, et par le pouvoir de l’amour, qui ne voulait pas être privé, du côté de l’homme, de l’objet sexuel qu’est la femme, et du côté de la femme, de cette partie détachée d’elle-même qu’est l’enfant. Éros et Anankèa sont eux aussi devenus les parents de la culture humaine. Le premier succès culturel fut que, désormais, un assez grand nombre d’hommes aussi pouvaient rester en communauté. Et comme deux grandes puissances agissaient là ensemble, on pourrait s’attendre à ce que le développement ultérieur s’accomplisse sans accroc, vers une domination toujours plus grande du monde extérieur, comme vers une extension plus large du nombre d’hommes dans la communauté. On ne comprend pas non plus aisément comment cette culture agit autrement que pour le bonheur de ses participants.

Avant d’examiner d’où peut venir une perturbation, laissons-nous aller à une digression au sujet de la reconnaissance de l’amour comme l’un des fondements de la culture, afin de combler une lacune dans une explication antérieure. Nous disionsb que l’amour sexuel (génital) assurant à l’homme de vivre ses satisfactions les plus fortes et lui offrant à vrai dire le modèle de



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