Le maître du monde by Marc-Emile Geners

Auteur:Marc-Emile Geners [Geners, Marc-Emile]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, SF
Éditeur: Deathpurple - TAZ
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

CHAPITRE XV

Vers le milieu de l’année 1978, le capital du groupe atteignit le milliard.

Ils avaient pris des participations dans diverses sociétés à haute rentabilité, et s’étaient assuré le contrôle de plusieurs affaires.

— Si on achetait une banque ? proposa Lucien.

— D’accord, s’exclama Paul, à condition que cela soit la Banque XYZ ! J’en fais une affaire personnelle.

Lucien sourit. Ils lancèrent une offre d’achat publique des actions de la Banque XYZ. Une armée de représentants parcourut le pays pour racheter les actions aux petits porteurs. Des bruits habilement lancés provoquèrent des retraits importants dans les comptes courants et le léger affolement qui suivit provoqua la baisse des titres cotés en bourse.

Quelques mois plus tard à l’assemblée Générale, le Conseil d’Administration attaqué sur sa gestion fut mis en minorité et balayé. Paul prit les pleins pouvoirs comme Président-Administrateur délégué.

L’ancien président ne s’en remit pas et décéda quelques jours plus tard au cours d’un week-end de chasse.

Le premier souci de Paul fut de convoquer ses directeurs et le comité de direction au complet.

— Messieurs, dit-il, le fait d’avoir pris la majorité dans la Banque XYZ ne signifie pas de profonds changements ni dans le personnel de cadre, ni dans les méthodes de travail. Avec un sentiment ému pour mon prédécesseur (observons une minute de silence à sa mémoire), je vous convie à servir le nouveau conseil d’administration avec dévouement et fidélité. Vous en serez largement récompensés. Continuez donc à remplir vos diverses tâches comme par le passé. Une petite remarque cependant : la politique de crédit devra être plus humaine et plus libérale. Nous examinerons cette question en temps utile avec les responsables. Pas de questions ? Messieurs, je vous remercie.

Un à un, ils vinrent saluer leur nouveau président avant de sortir. Un homme cependant s’arrangea pour être le dernier.

— J’étais le secrétaire particulier de l’ex-président, Monsieur le Président, et je possède des quantités de renseignements confidentiels, ainsi que des dossiers secrets, et je puis vous assurer de mon entier dévouement. Si vous permettez…

— D’accord, mon ami. Vous êtes maintenu dans vos fonctions. Mais dites-moi… il y a ici dans le bâtiment un chef de service qui s’occupe des crédits clientèle ; il est souvent habillé tout en noir et a des dents de loup. Vous voyez qui je veux dire ?

— Non, Monsieur le Président, mais je m’informerai.

— Convoquez-le chez moi pour demain à dix heures.

Le lendemain à l’heure dite, l’employé se présentait, plein d’espoirs. Aurait-il déjà par son zèle attiré l’attention du nouveau président de la Banque XYZ ? Il avait la réputation d’être très sympathique.

Après avoir pénétré dans les lieux saints, il resta les yeux modestement baissés.

— Approchez, mon cher, fit Paul en ricanant et, n’ayez pas peur de me regarder dans les yeux. Me reconnaissez-vous ?

L’autre le fixa d’un œil rond.

— Non, Monsieur le Président, je ne vois pas…

— Autre chose. Vous ne vous souvenez pas d’avoir, il y a un an environ mis à la porte un client qui vous demandait un demi million de prêt sans garanties ?

Non, il ne s’en rappelait pas.

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