Le loup-garou dans la neige by John Flanders

Auteur:John Flanders
La langue: fra
Format: mobi
Tags: Edmund Bell
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

CHAPITRE VI - « La crécelle »

Au cours de l’après-midi, le temps fut maussade et froid. Sans doute les rafales de neige avaient diminué d’intensité. Les flocons étaient moins gros mais plus durs, pourchassés par un violent vent du nord. Mais le froid glacial qui sévissait au dehors pénétra à l’intérieur et il fut bientôt impossible de se tenir près des fenêtres.

Tous les invités se serraient autour du feu, mais personne ne parlait. Chacun évitait les regards de son voisin.

Ibbotson fumait pipe après pipe et ne cessait de réclamer du vin ou du whisky à Jupiter Broom. Smauker s’efforçait de lire, ce qui n’avait pas l’air de l’amuser beaucoup. Miss Ada Bunstore contemplait les flammes d’un air apathique. Les autres femmes s’occupaient tant bien que mal dans la cuisine. Quant aux époux Simple, ils avaient demandé à être servis dans leur chambre, afin de ne pas avoir à frayer avec les autres habitants du hameau.

Edmund Bell était encore très faible et la tête lui tournait. Il constata que si l’on se taisait, c’était surtout pour éviter de parler de la mort de cette malheureuse Emily Bunstore. Sauf le forgeron. À peine le grossier personnage eut-il bu un verre de trop qu'il déclara à la cantonade qu’il se plaisait beaucoup au château, mais qu’il ne se sentait pas obligé de tenir compagnie à un ou plusieurs assassins, car il était lui, un brave et honnête homme.

— Dès que la police sera ici, continua-t-il d’un ton irrité, je saurai ce que je dois déclarer sous serment.

Personne n’écoutait ce fanfaron, même pas Edmund, qui n’accordait que peu d’importance à ses haineuses rodomontades. Il y avait déjà six jours que les gens du hameau étaient venus se réfugier au château, et toujours pas le moindre espoir de vaincre la neige.

— Alors, jeune homme, se moqua Ibbotson, allez-vous essayer de découvrir l’assassin de Mademoiselle Bunstore ? Edmund s'était levé et s’apprêtait à quitter la salle. Il s’arrêta brusquement et s’avança vers le forgeron.

— Voulez-vous avoir l’obligeance de me suivre, Monsieur Ibbotson, dit-il froidement.

— Volontiers, pudique vous me le demandez, jeune homme. Une petite promenade me fera beaucoup de bien, et, ma foi, je préfère ne pas m’'aventurer seul dans ce sinistre château. Ce qui est bien compréhensible !

— Je voudrais vous entretenir dans votre chambre, Monsieur Phileas, déclara Edmund lorsqu'ils eurent quitté la salle.

Le forgeron le regarda d’un air narquois.

— Dans ma chambre. Vous voulez venir dans ma chambre, mon petit monsieur, s’écria-t-il d’un ton bourru.

— Vous connaissez ceci ? demanda Edmund sèchement, lui tenant une petite médaille d’argent sous le nez. Le forgeron regarda l’objet et rougit.

— Vous voulez dire, Sir …, que vous êtes de Scotland Yard, bredouilla-t-il. Vous faites partie de la police ! Si jeune !

— Du moins, j’agis sur l’ordre de la police métropolitaine, Ibbotson, répondit Edmund. A présent, allons dans votre chambre.

— Bien sûr … Je suis d'accord, dit le forgeron avec empressement. Je suis un honnête homme et j’espère que vous ne me ferez pas de misères bien que je n’aie pas toujours été poli envers vous.

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