Le Japon by Collectif

Le Japon by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Histoire
ISBN: 9782742425013
Éditeur: Fayard
Publié: 2010-12-24T23:00:00+00:00


Ils n’expriment pas tous des opinions aussi tranchées. Des historiens comme Charles C. Tansill33 et Charles A. Beard34 critiquent vigoureusement la politique étrangère de Roosevelt, accusent le président d’avoir entraîné les États-Unis dans la guerre, mais ne croient pas que Roosevelt ait tout exprès provoqué les Japonais à Pearl Harbor. Ce n’est pas le cas du contre-amiral Robert A. Theobald, un proche de Kimmel, qui ne mâche pas ses mots : « Notre conclusion principale, écrit-il, est que le président Roosevelt contraignit le Japon à faire la guerre en exerçant en permanence sur lui une pression diplomatique et économique, et l’incita à ouvrir les hostilités par une attaque-surprise en maintenant la flotte du Pacifique dans les eaux hawaïennes comme appât35. » Bigre ! Kimmel ne va pas aussi loin, mais il relève soigneusement les télégrammes et les faits qui n’ont pas été portés à sa connaissance36. Tout récemment, John Toland soutient que « la comédie des erreurs du 6 et du 7 [décembre 1941] semble incroyable. Elle n’a de sens que si elle correspond aux prémisses d’une charade, si Roosevelt et son entourage le plus proche ont su qu’il y aurait une attaque37 ». Quel réquisitoire !

À vrai dire, le scénario du complot machiavélique manque de solidité. Si Roosevelt avait dissimulé ce qu’il savait des intentions japonaises, il aurait dû bénéficier de la complicité de Stimson, de Knox, de Marshall, de Stark, de leurs subordonnés et de ceux qui ont eu les télégrammes entre les mains. Le complot serait devenu un secret de polichinelle. Et personne n’aurait jamais rien dit ? Ni aux commissions d’enquête ni, plus tard, aux historiens ? De plus, si Roosevelt avait laissé faire l’attaque japonaise, pourquoi aurait-il accepté la destruction de tant de bâtiments et d’avions ? Il aurait pu, au dernier moment, avertir Kimmel, faire sortir la flotte en haute mer et éviter ainsi le désastre, tout en obtenant auprès du Congrès et de l’opinion le soutien qu’il espérait.

Enfin, beaucoup de faits mineurs et de déclarations suspectes sont déformés. Le 19 novembre, par exemple, Tokyo recommande à ses représentants à l’étranger de détruire les codes diplomatiques si la situation se détériore. En ce cas, la radio diffusera un message sous forme de bulletin météorologique. « Vent d’est, pluie » : les relations américano-japonaises sont en danger. « Vent du nord, nuageux » : les relations avec l’Union soviétique vont mal. « Vent d’ouest, clair » : les relations du Japon avec la Grande-Bretagne empirent. Les spécialistes américains du renseignement se mettent à l’écoute. Et ils n’entendent rien. Auraient-ils capté le premier de ces messages, cela annonçait-il un raid sur Pearl Harbor, sur les Philippines, sur Guam ou sur Wake ?

Il est vrai que, le 27 novembre, dans une conversation avec Stimson, Roosevelt mentionne la probabilité d’une attaque japonaise. Rien d’étonnant, car cette probabilité est à cette date évoquée par tous. Mais Roosevelt ajoute, selon Stimson, qu’il faut « manœuvrer » les Japonais jusqu’à ce qu’ils tirent les premiers. Voilà la preuve d’une préméditation, exultent les révisionnistes.



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