Le Grand Siècle de Paris (French Edition) by Castelot André

Le Grand Siècle de Paris (French Edition) by Castelot André

Auteur:Castelot, André [Castelot, André]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin (réédition numérique FeniXX)
Publié: 1998-12-31T16:00:00+00:00


Ce soir-là le whist du Roi est terne... Visiblement, tout le monde pense à autre chose.

Le Roi, la nuit, a son sommeil interrompu par plusieurs visites de M. de Mortemart qui, secondé par Vitrolles, vient lui soumettre le texte de six nouvelles ordonnances. Réveillé chaque fois en sursaut, Charles X regrette certainement M. de Polignac qui ne le dérangeait même pas lorsque la Vierge venait bavarder en pleine nuit avec lui... De mauvaise humeur, le Roi n’en résiste que mieux aux projets démocratiques de son nouveau ministre.

— Le rappel des ordonnances ? proteste l’ex-comte d’Artois en agitant furieusement sa tête couverte d’un bonnet de coton... On n’en est pas là ! C’est trop fort !

Vitrolles, qui est infatigable, explique longuement au Roi « Qu’on en est » même plus loin encore ! Mortemart est moins résistant ; il sort de ces entretiens absolument épuisé et aphone.

— Je n’ai plus de salive, confie-t-il d’une voix étouffée à Mazas qui l’attend dans sa chambre.

Enfin, à sept heures du matin, le duc et Vitrolles parviennent à leurs fins. Le Roi, toujours au lit, signe les nouveaux textes.

Cependant, Mortemart ne se décide pas à partir pour Paris. « Il lambinait, nous dit Vitrolles, comme un homme qui n’est pas pressé d’aborder les difficultés qu’il redoute. On allait, on venait, on s’arrêtait devant un fromage posé sur une table... Enfin, poussé par le baron, Mortemart monte en calèche avec M. d’Argout, Langsdorff et Mazas qui a placé le texte des nouvelles ordonnances dans la poche de sa veste fermée par une épingle. Tel est le portefeuille ministériel de la nouvelle équipe !

A Paris, le soir, après une journée passée à tenter l’impossible, Mortemart appelle Mazas au palais du Luxembourg :

— Vous annoncerez à Sa Majesté, lui dit-il, que l’on a violemment repoussé les ordonnances royales à l’Hôtel de Ville ; la réunion qui s’y tient en permanence a prononcé la déchéance du Roi.

Cependant, Mortemart a encore « quelque espoir » de traiter avec la Chambre des pairs et avec une partie de la Chambre qui ne tient nullement à accueillir La Fayette comme président de la République.

— Il faut pour que mes démarches soient couronnées de succès, ajoute Mortemart, que le Roi ne bouge pas de Saint-Cloud, qu’il y prenne toutes ses dispositions pour s’y défendre jusqu’à la dernière extrémité, car il sera attaqué demain matin.

Et Mazas part pour Saint-Cloud, après avoir placé dans le nœud de sa cravate un morceau de journal sur lequel le Premier ministre avait inscrit ces mots :

« Toute confiance au porteur du présent. »

Retardé dans sa marche par les tas de pavés et les barricades, Mazas arrive seulement au Point-du-Jour à trois heures et demie du matin. C’est pour apprendre que le Roi, craignant l’attaque des Parisiens, a fui pour Rambouillet.

*

Le 31 juillet se joua le lever de rideau du futur régime : Louis-Philippe, précédé d’un gavroche tapant sur un tambour à moitié crevé, quittait le Palais-Royal pour aller embrasser La Fayette à l’Hôtel de Ville. Derrière celui qui,



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