Le Gorille - 35 - Le Gorille a du poil au coeur by Dominique Antoine

Le Gorille - 35 - Le Gorille a du poil au coeur by Dominique Antoine

Auteur:Dominique, Antoine [Dominique, Antoine]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Espionnage
Publié: 1959-05-01T23:00:00+00:00


IX

Des cubes blancs sur un terrain en étages dans lequel s’inscrivaient deux lacets de route ; « Les Naïades ». Cactées, pierres, quelques chênes-lièges fœtusoïdaux. Voilà pour les « Naïades ». À l’entrée, une très bizarre maison rustique en faux troncs d’arbres entrecroisés, moulés dans du ciment Portland et peint en trompe-l’œil. Là vivaient deux domestiques arabes, loués avec la villa.

Une nuit pure, chaude, pour la saison.

Les deux domestiques arabes, serrés l’un contre l’autre, dans l’embrasure de la fausse hutte, regardaient la voiture arrêtée au-dessous d’eux, sur cette route conduisant nulle part. Ils n’étaient pas étonnés. Ils avaient obscurément pressenti qu’il arriverait quelque chose d’inquiétant. « L’homme-montagne » qu’ils servaient ne leur semblait pas fait pour des situations ordinaires.

Deux types agiles montaient la côte, suivant le raccourci. La voiture était restée en bas, tous phares éteints. Les deux arrivants glissaient sur la rocaille, « silhouettes légères dans la nuit claire ». Les deux domestiques devinaient qu’ils marchaient pieds nus, qu’ils avaient des mauvaises intentions et qu’ils étaient Fahciyas, comme eux.

Les grimpeurs toquèrent au carreau. Les deux domestiques leur ouvrirent. Une seule question fut posée :

— Où est la chambre de l’Européen ?

Une indication muette. Renseignés, les deux tueurs Fahciyas exhibèrent leurs immenses couteaux rituels et passèrent dans le jardin.

Les domestiques s’allongèrent sur leurs nattes, blottis l’un contre l’autre : par définition, ils n’avaient rien vu, ils n’avaient rien entendu ! Ils n’avaient pas compris que des voisins Fahciyas venaient procéder à un égorgement…

Tanger, la nuit, est vide comme un œuf gobé. Jeannette, venue s’appuyer à la rampe de fer de la Calle Minor, les bronches tumultueuses, la circulation torrentielle, le cœur en tambour, restait là, par vice féminin : elle surveillait l’hôtel car elle voulait se rendre compte si on faisait quelque chose pour Geo…

Au bout d’une demi-heure, elle comprit que Soufflant n’avait même pas quitté l’hôtel !

C’était à peine croyable.

Elle entra résolument à la Cruz, passant sous le nez d’un portier endormi.

Dès que Chaboute lui eut ouvert, Jeannette balança :

— Soufflant n’y est pas allé !

Chaboute demanda, très calme :

— Comment le savez-vous ?

— J’attendais dehors…

À la porte de la chambre mitoyenne, une main cogna.

— Vos gueules là-dedans !

C’était la voix de Soufflant, l’homme aimé !

Époustouflée, Jeannette regarda Chaboute de très près.

— Mais comprenez-moi… votre mari… aux Naïades.

Soufflant grogna derrière sa porte :

— Je peux rentrer ?

Chaboute lui ouvrit.

— Jeannette qui s’inquiète pour Geo, expliqua-t-elle à Soufflant.

— J’ai compris.

Jeannette frappa du pied.

— Faites quelque chose !

— Pourquoi ? demanda Soufflant, vous croyez qu’il n’est pas assez grand ?

Jeannette se tourna vers Chaboute et lança :

— Il est en danger de mort.

Chaboute lui sourit, disant :

— Il y a tellement d’années que nous sommes mariés… et il est toujours en vie…

Soufflant prit Jeannette aux épaules :

— Maintenant allez dormir. Vous méditerez sur le métier de barbouse… Une expression technique définit la situation de Geo : « Il fait la chèvre au piquet. »

Il la poussa vers la porte et poursuivit, la tutoyant à nouveau :

— D’ailleurs, si le métier te



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