Le Gibbon dans la civilisation chinoise by Robert Van Gulik

Le Gibbon dans la civilisation chinoise by Robert Van Gulik

Auteur:Robert Van Gulik
La langue: fra
Format: epub
Tags: Van Gulik, gibbon, Chine, étude, zoologie, sinologie, science, singes
Éditeur: Klincksieck
Publié: 2020-02-20T06:33:07+00:00


Essai sur une espèce de singes haïssables

Préface : Gibbons et macaques résident dans des montagnes différentes ; n’ayant pas du tout la même nature, ils ne peuvent se supporter. Le gibbon est tranquille et d’humeur constante, il est enclin à la bienveillance, à l’humilité, à la piété filiale et à la compassion. Les gibbons vivent dans une mutuelle affection, ils laissent les autres s’alimenter en premier, se déplacent en bandes ordonnées et se désaltèrent l’un après l’autre. Si par quelque malencontreux hasard l’un d’eux se trouve égaré, il gémit de tristesse. En cas de danger, ils placent au centre les plus faibles [afin de les mieux protéger]. On ne les verra jamais piétiner les moissons des champs ; ils ne mangent que les fruits dont ils sont certains de la maturité, et lorsqu’ils en trouvent ils ne manquent pas d’appeler les autres et ne commencent de manger qu’en réunion paisible et joyeuse. C’est avec grand soin qu’ils marchent entre les jeunes plantes et les arbres naissants de leur montagne, afin de ne pas gêner leur croissance ; c’est ainsi que les montagnes où vivent les gibbons sont toujours luxuriantes.

Tout au contraire, le macaque est par nature irascible et vociférant. Ils vont toujours se querellant à grands cris, jacassant bruyamment et, quoique vivant en bande, ils ne sont nullement bien disposés les uns envers les autres. Lorsqu’ils mangent, ils se mordent sans cesse ; s’ils vont boire, c’est en groupes informes. Ils ne se soucient guère de se trouver séparés des autres et poussent en première ligne les faibles lorsqu’ils sont attaqués. Ils se plaisent à saccager les moissons, laissant derrière eux un sillage de confusion et destruction. Ils croquent dans un fruit vert et le jettent derrière eux à la toute première bouchée. Aux humains ils dérobent de la nourriture dont ils s’empiffrent en emplissant leurs bajoues. Ils piétinent ou arrachent sur leur montagne les jeunes plantes et les pousses d’arbre, laissant un sol dévasté ; c’est ainsi que les montagnes à macaques sont toujours dénudées.

Lorsque les gibbons sont en plus grand nombre, ils chassent au loin les macaques ; à l’inverse, les macaques ne cessent d’agresser les gibbons, qui doivent quitter la place devant les incessantes basses attaques. Au rang des créatures haïssables, nulle ne l’est davantage que le macaque. Maintenant que depuis longtemps je vis en exil dans ces montagnes, j’ai bien observé les choses, et ainsi composé ce triste essai sur la détestable espèce des macaques ; disant :

Longue est la rivière Hsiang, et une multitude de montagnes longent ses rives. Comment se fait-il que certaines soient luxuriantes et d’autres au contraire dépouillées ? C’est qu’elles sont habitées par de mauvaises créatures ou bien par de bonnes ; par les mauvais macaques ou bien par les bons gibbons. Allant parmi les terres cultivées, les gibbons se gardent de tout comportement destructeur. Mais les macaques sont haïssables. Las ! ces gobelins des montagnes ne sont-ils pas semblables à des voleurs et bandits ? Ils sautent en tous sens en criant, montrant les dents à tout ce qui se présente.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.