Le général Dourakine by Comtesse de Ségur

Le général Dourakine by Comtesse de Ségur

Auteur:Comtesse de Ségur
Format: epub


XII

Ruse du général

Les jours suivants se passèrent sans événements remarquables. Mme Dabrovine témoignait une grande estime et une grande confiance à M. Jackson, qui réunissait toutes les qualités que l’on cherche sans les trouver chez un précepteur. Indépendamment d’une instruction très étendue, il dessinait et peignait bien et avec facilité ; il savait l’anglais, l’allemand et le français ; quant au polonais, il s’en cachait soigneusement. Mme Dabrovine et le général étaient enchantés ; Natasha était dans l’admiration et la témoignait en toute occasion. M. Jackson était fort content de ses élèves, parmi lesquels s’était imposée Natasha pour la musique, le dessin et les langues étrangères. Les leçons se donnaient dans le joli salon, à la demande du général, qui s’en amusait et s’y intéressait beaucoup. Jacques avait été invité, à sa grande joie, à prendre part à l’éducation soignée que recevaient les jeunes Dabrovine ; le général avait raconté tous les détails de la vie de Jacques et de Paul, et on les aimait beaucoup dans la famille Dabrovine. Ce côté du château vivait donc heureux et tranquille ; l’hiver s’avançait ; le général vendait à l’insu de la Papofski ses terres et ses maisons, et faisait de bons placements en Angleterre ; un jour, enfin, il reçut d’un général aide de camp de l’empereur, une proposition pour Gromiline ; il en offrait cinq millions payés comptant. Le général Dourakine accepta, à condition qu’il n’en dirait mot à personne, même après l’achat, jusqu’au 1er juin, et qu’il viendrait lui-même ce jour-là prendre possession du château et en chasser la famille Papofski qui y était installée. Les conditions furent acceptées ; la vente fut terminée, l’argent payé et envoyé à Londres ; Mme Papofski ne savait rien de toutes ces ventes ; les Dérigny, Mme Dabrovine et Romane étaient seuls dans la confidence.

Le général, sollicité par Romane, avait révélé à Mme Dabrovine le vrai nom et la position du prince Pajarski ; elle avait donné les mains avec joie au complot par son oncle et Dérigny pour quitter la Russie ; elle se plaignait de sa santé devant sa sœur, regrettait de ne pouvoir aller aux eaux. À la fin de l’hiver, un jour le général lui proposa devant Mme Papofski de la mener aux eaux en Allemagne ; elle fit quelques objections sur le dérangement, l’ennui que donnerait à son oncle un voyage avec tant de monde.

Le général. – Tu peux ajouter à tous les tiens la famille Dérigny que j’emmènerai.

Madame Papofski. – Comment, mon oncle, vous vous embarrasserez de tous ces gens-là ?

Le général. – Oui, Maria Pétrovna ; comme je compte vous laisser à Gromiline pour faire mes affaires en mon absence, j’aime mieux vous débarrasser d’une famille que vous n’aimez pas ; d’ailleurs ils veulent retourner en France, où ils ont des parents et du bien.

Les yeux de Mme Papofski brillèrent et s’ouvrirent démesurément ; elle ne pouvait croire à tant de bonheur.

Madame Papofski. – Vous me laisseriez... ici... chez vous... et maîtresse de tout diriger ?

Le général.



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