Le garçon qui nageait avec les piranhas by David Almond

Le garçon qui nageait avec les piranhas by David Almond

Auteur:David Almond
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Gallimard Jeunesse
Publié: 2015-11-16T16:00:00+00:00


Stan lui raconte qu’il a vu Pancho Pirelli.

– C’est donc vrai, murmure Dostoïevski. Il est revenu.

– En quoi consiste son numéro ? demande Stan, mais Dostoïevski fait non de la tête.

– Il vaut mieux que tu le voies toi-même, Stan. Tu pourras y aller demain.

– Il m’a parlé, monsieur Dostoïevski.

– C’est un honneur pour toi, Stan.

– Il m’a dit qu’il m’attendait.

– Vraiment ? (Dostoïevski lui ébouriffe les cheveux.) Moi aussi, j’ai eu la même impression.

– À quel propos ?

– À propos de toi, Stan. Dès que je t’ai vu nettoyer les canards, et sauver les poissons dans l’eau du fleuve. C’est comme si tu m’avais été envoyé, ce jour-là. Comme si tu avais quelque chose de spécial. (Il sourit.) À moins que je sois en train de devenir dingue, hein ? (Il sourit de nouveau.) Mais comme j’ai dit, poursuit-il, tu es quelqu’un d’étrange.

Ils restent silencieux pendant un moment, contemplant la lune.

– C’est ça, les joies de la vie du voyage, remarque Dostoïevski.

– C’est quoi ? demande Stan.

– Les choses toutes simples, comme celles-là, mon jeune ami. Comme s’asseoir sur la marche d’une caravane à la clarté de cette lune, si belle. Il paraît que ça rend fou, tu sais. On raconte qu’il ne faut pas s’exposer trop longtemps à la lumière de la lune.

– Je l’ai entendu dire, répond Stan.

– Et tu y crois ? demande Dostoïevski.

Stan hausse les épaules. Il ne sait pas très bien à quoi il croit.

– Mais on raconte aussi, reprend Dostoïevski, que la lumière de la lune est une bonne chose. Il y en a qui prétendent qu’on a tous besoin d’un grain de folie. Tu y crois, Stan ?

Stan réfléchit un instant. Il se pose des questions sur le monde. Il se pose des questions sur lui-même, sur les choses bizarres qu’il a vécues, sur les choses bizarres qu’il a vues. Il regarde le ciel et l’univers. Il s’imagine s’élevant dans un vol sans fin vers les étoiles, bien

au-delà des étoiles, bien au-delà des étoiles qui sont au-delà des étoiles, et il sait qu’il n’en finira jamais de se poser des questions et encore des questions.

– Alors ? murmure Dostoïevski. Est-ce qu’on a tous besoin d’un grain de folie en nous ?

Un chien aboie quelque part. Une femme chante une jolie chanson qu’ils entendent flotter dans l’air malgré le vagissement de la fête foraine et les cris des badauds.

– Peut-être que c’est en nous de toute façon, répond Stan, qu’on le veuille ou non.

Dostoïevski approuve d’un signe de tête. Il regarde Stan avec de la tendresse et du respect dans les yeux.

– Ça, c’est très sage, constate-t-il.

Tous deux se détendent, sourient, et laissent la folie de la lune se déverser sur eux.



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