Le dragon de cracovie by Dard Frédéric

Le dragon de cracovie by Dard Frédéric

Auteur:Dard Frédéric [Frédéric, Dard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 2011-10-28T15:47:58+00:00


33

La salle à manger du dernier étage, une petite pièce moyenne, tout en longueur, dominait le bord de mer. Elle portait le nom d’un célèbre ténor qui avait eu le bon goût d’y mourir l’année même où un grand écrivain français naissait. Depuis les larges vitrines, on découvrait la baie illuminée par les feux des bateaux avec, au premier plan, la citadelle fortifiée.

Le Parrain arriva le premier, flanqué de ses porte-flingues quatre mafieux d’élite, vêtus de complets sombres gonflés à l’aisselle gauche. Deux de ces gentlemen s’installèrent dans l’antichambre, les autres à la table voisine.

Le maître d’hôtel, prévenu de l’illustre venue, attendait devant le bar et se précipita à la rencontre de Vicino.

Pendant qu’il déployait ses grâces, les gardes du corps procédèrent à un rapide examen des lieux.

- Donne-moi un jus de tomate avec beaucoup de citron et un trait d’angustura ! ordonna Gian Franco.

Comme on venait de le servir, les personnages attendus firent leur entrée, guidés par un groom en uniforme. L’un portait un costume bleu, en tissu léger chiffonné. Courtaud, massif, la cinquantaine dépassée, il avait une tignasse grise et buissonneuse, un nez large et velu, les paupières à ce point bouffies qu’on ne parvenait pas à capter son regard.

Son compagnon, lui, était grand, blond, émacié, avec le nez busqué et des yeux d’acier.

Contrairement à l’autre, il arborait une élégance compassée.

Ils serrèrent la main de Vicino avec l’indifférence marquée des boxeurs avant le combat et prirent les places qu’il leur désignait. Le Parrain fit signe au maître d’hôtel d’enregistrer leur commande. Il conseilla comme apéritifs à ses invités des « amers » italiens, mais ils préférèrent du scotch.

Quand ils furent servis, Vicino déclara :

- Depuis notre prise de contact, j’ai étudié votre problème, et pense avoir trouvé ce qu’il vous faut.

Le grand type maigre opina en silence.

- Il s’agit d’un couple, reprit le Parrain. La femme est italienne.

Nous avons des attaches familiales, elle et moi. Lui est autrichien et, peut-être ne le croirez-vous pas, s’appelle Adolf Hitler.

- Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? grommela l’homme au fort appendice nasal. Une plaisanterie ?

- Une réalité ! Le hasard a d’étranges caprices. Cela dit, rassurez-vous, il ne présente aucun point commun avec le sinistre Führer. Les jeunes gens dont je vous parle n’ont peur de rien et possèdent le visage de l’innocence. J’attire votre attention sur le fait qu’Adolf parle couramment l’allemand, bien entendu, puisque c’est sa langue d’origine.

- Nous pouvons toujours les voir ? fit l’homme blond à son compagnon qui opina.

Ils s’exprimaient en anglais pour parler à Vicino, lequel comprenait cette langue sans très bien la maîtriser. Ce dernier adressa un signe au serveur :

- Demandez aux clients du 332 de nous rejoindre !

Il donnait ses ordres d’une voix lasse qui, curieusement, stimulait ses subordonnés.

Le couple apparut rapidement. Vicino s’efforça de le regarder avec les yeux des étrangers et convint qu’il produisait une bonne et forte impression.

Adolf portait un pantalon gris, un blazer noir, une chemise fumée où tranchait une « régate » aux rayures jaunes et noires.



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