Le diamant de Saint-Pétersbourg by Kate Furnivall

Le diamant de Saint-Pétersbourg by Kate Furnivall

Auteur:Kate Furnivall [Furnivall, Kate]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
ISBN: 2368123431
Éditeur: Éditions Charleston
Publié: 2019-02-18T23:00:00+00:00


22

Valentina ne rentra pas directement chez elle. Elle en était incapable. Jens la fit monter dans un drojki et la conduisit chez lui, conscient de l’inconvenance de la situation. Une jeune fille sans chaperon, après la nuit tombée… Aucun des deux n’était de force à affronter les regards dans un lieu public tant Valentina était échevelée et souillée.

— Laisse-moi te sécher les cheveux…

Elle était assise dans un profond fauteuil qui semblait engloutir sa frêle silhouette. Lorsqu’il s’approcha avec une serviette, elle leva enfin vers lui ses yeux sombres. Il respecta son silence tout en lui ôtant ses épingles pour caresser ses longues mèches humides qui soulignaient la forme parfaite de son crâne. Il descendit jusqu’aux pointes qui s’enroulèrent autour de ses doigts.

Ce moment était plus intime qu’un baiser. De temps à autre, les mèches s’écartaient pour révéler son cou pâle et gracile. Il prit la jeune fille par le menton. Elle ne dit pas un mot et se laissa faire sans protester.

Quand elle eut les cheveux secs, il se pencha pour déposer un baiser sur la peau laiteuse de son cou.

— Comment peuvent-ils vivre ainsi ?

Elle parlait enfin. Pour la distraire, l’extirper de son mutisme et sa tristesse, il lui avait servi des pirojki et du chocolat chaud. Assis sur le divan, en face d’elle, les jambes tendues, il buvait un verre de vin rouge.

— Savais-tu que la moitié du vin produit en France est exporté vers la Russie ? N’est-ce pas incroyable ? Nous buvons plus de vin que toute autre nation.

Il disait souvent « nous » en parlant des Russes, comme s’il était originaire de Perm ou de Tver.

— J’en serais incapable, admit-elle, les yeux rivés sur les flammes, dans la cheminée.

— Chacun fait de son mieux, répondit-il doucement.

— Je préférerais mourir.

— J’en doute. De toute façon, je viendrais chaque jour t’allumer du feu, te sécher les cheveux en cas de pluie et les démêler par grand vent. En été, au lieu d’aller au bal au palais Anitchkov, de dîner chez Donon ou d’assister à un spectacle de danse dans une robe ornée de diamants, tu m’accompagnerais vers un coin tranquille, au bord de la Neva, où nous mangerions des œufs durs, les pieds dans l’eau.

Elle tourna la tête et croisa son regard.

— Et la musique ? demanda-t-elle d’un ton solennel. Dans votre monde nouveau, y aurait-il de la musique ou bien plus de piano, ni d’opéra ou de ballet ?

— Bien sûr qu’il y aurait de la musique, assura-t-il avec un sourire. Tu chanterais pour moi tandis que l’eau caresserait nos chevilles et je t’accompagnerais au violon.

— Tu joues du violon ? s’étonna-t-elle.

— Jouer, c’est un grand mot. Disons que je parviens à gratter quelques notes qui évoquent les cris d’un chat. Mais je ferais des progrès, c’est promis.

Elle rit. Il avait envie de l’entendre rire.

— Tu m’as mise en garde contre les eaux polluées de la Neva, déclara-t-elle.

— C’est l’avantage d’être avec un ingénieur spécialisé capable de t’indiquer les bons endroits. Je connais les recoins secrets protégés des courants souillés.



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