Le Diable de Pimlico by Gérard Dôle

Le Diable de Pimlico by Gérard Dôle

Auteur:Gérard Dôle
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Terre de Brume
Publié: 2015-01-26T00:00:00+00:00


* * *

1. Cf. Le Docteur criminel : fascicule original Harry Dickson n° 34.

CHAPITRE II

L’HORREUR ABYSSALE

Saint James Hall est la plus petite, mais la plus jolie et la plus aristocratique de toutes les salles de concert. Elle est située dans Regent Street, tout près de Piccadilly, au cœur du quartier chic de Londres. On n’y joue guère que de la musique ancienne, ultraclassique, devant un petit nombre d’auditeurs privilégiés, issus du cant britannique.

C’est dans cette bonbonnière, toute en ors et en glaces, que se donnent les concerts de la British Musical Union, dirigés par un vieux professeur qui n’est pas une des figures les moins originales du monde artistique de la métropole.

Il répond à un nom fort peu anglais : il s’appelle Ahasverus. Il doit avoir dans les soixante-quinze ans. Le nez et le menton semblent ciselés dans une racine de buis ; mais le front est olympien et très majestueux, sous les mèches argentées qui voltigent à l’entour.

Le professeur Ahasverus est au mieux avec son aristocratique clientèle. Il va et vient dans son parterre de duchesses, poli, courtois, chevaleresque, comme il sied à un vieillard justement honoré. Il parle tout haut, en homme qui se sent chez lui, prend ses artistes par la main, les présente à son public, et, quand un morceau paraît avoir fait plaisir, il demande aux dames s’il leur serait agréable qu’on le fît recommencer, absolument comme, à son lunch, il leur offrirait une seconde tasse de thé.

Mais combien surpris, outrés même, auraient été ses fidèles en l’écoutant deviser de façon grossière avec deux individus que le lecteur connaît déjà : Gueule d’Or et la Belette.

– Alors ? demandait Ahasverus d’un ton rude, c’est fait ?

Les apaches étaient dans leurs petits souliers.

L’un et l’autre tortillaient leurs casquettes crasseuses entre leurs doigts, n’osant répondre. Mais le chef d’orchestre s’impatientait ; ses yeux lançaient des éclairs.

– Allez-vous vous décider enfin ?

La Belette s’enhardit. Il expliqua d’une voix gémissante :

– On a pas pu, patron, avec la meilleure volonté du monde. On a poireauté dans le froid toute la nuit, mais il n’est pas rentré.

Ahasverus exprima sa vive contrariété par une hideuse grimace.

– Êtes-vous sûrs qu’il ne s’est pas faufilé chez lui à votre insu ?

– Certains, patron. Gueule d’Or faisait le guet derrière la maison. Non, non, il n’est pas retourné à Baker Street.

À point nommé, dans le foyer du théâtre où ils se trouvaient, un téléphone ronfleur se mit en branle.

– Allô ! Ahasverus à l’appareil. J’écoute. Hein ? Quoi ? Que dites-vous ? By Jove !

Le chef d’orchestre raccrocha le combiné avec rage puis, à l’adresse des deux voyous :

– Dorking s’est fait avoir, malgré toutes les précautions prises. Un coup de ce satané Dickson qui doit encore traîner dans Poplar ou Limehouse en quête de ce que vous savez. Il faut me le débusquer à tout prix. Mon informateur me dit qu’il est grimé en tramp. Ouvrez l’œil, à vous de jouer !

– À vos ordres, patron, répondirent en chœur la Belette et Gueule d’Or, soulagés que les choses s’arrangent aussi facilement pour eux.



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