Le Déserteur by Paul Almond

Le Déserteur by Paul Almond

Auteur:Paul Almond
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 978-2-7644-2468-1
Éditeur: Québec Amérique


Le lendemain matin, arrivé dans la baie de Port-Daniel, Thomas examina la rive et son comptoir de traite du haut du pont avant. Ce faisant, il jonglait avec son plan. Quelques hommes, debout sur la rive, observaient le navire. L’un d’eux se rendit sur la jetée et descendit dans une chaloupe à rames. Un autre sortit d’un des bâtiments battus par le salin, du côté est de la plage. Il transportait des effets personnels. On voyait aussi le négociant, facile à reconnaître à son large chapeau et sa veste européenne. Il semblait n’avoir rien d’autre à faire que de se prélasser sur sa véranda.

Thomas devait-il attendre à bord jusqu’à la prochaine escale, à Pabos ? Il se dit que non, car ses bagages et ses présents étaient beaucoup trop lourds pour une si longue marche. En effet, le parcours de Pabos jusqu’à son camp lui prendrait au moins une semaine additionnelle, ce qui pouvait s’avérer risqué avec le climat automnal. Les premières neiges avaient fondu, mais les nuits gelaient. L’hiver était aux portes. Chaque jour était précieux.

L’homme transportant ses effets personnels rejoignit la chaloupe, et les deux hommes se mirent en route vers la goélette. Thomas pourrait peut-être se faire passer pour un engagé français. Il en avait maintenant l’air. Une fois à terre, il se dirigerait vers une des maisons à l’extrémité de la plage, faisant comme si c’était la sienne. Il se demandait si elles étaient habitables en hiver. Faites en pièce sur pièce, sans véranda et sans arbres autour, leurs murs grisonnants semblaient offrir peu de protection contre les températures sous zéro. Thomas présuma que personne n’y passait l’hiver. Par contre, à gauche, des signes de défrichement sur la longue pente du mont Port-Daniel semblaient indiquer que des fermiers habitaient peut-être à l’année dans les environs. Les trois bateaux de pêche ancrés près de la jetée donnaient plutôt à penser que les habitants de la plage étaient principalement des pêcheurs saisonniers.

La chaloupe était maintenant toute proche, et Thomas avait une décision à prendre. Si les deux hommes à son bord étaient Français, son déguisement risquait d’être percé à jour. Il suffirait qu’il leur parle dans leur langue, et son accent anglais le trahirait. Par contre, parler anglais risquait de trahir son identité. Il finit par se dire qu’il y avait peu de risques qu’on fasse le lien entre sa personne et le déserteur qui s’était échappé au début du printemps. Aussi bien les aborder en anglais.

La chaloupe se rangea sur le côté de la goélette et on y jeta une échelle de corde. Thomas se dirigea vers le voyageur qui se hissait à bord, un homme d’un certain âge, vêtu comme un pauvre mais la barbe bien taillée.

— Y a-t-il des Anglais ici, à Port-Daniel ? demanda Thomas en indiquant les taudis.

L’homme secoua la tête.

— À part moi, c’est des Français surtout. Le négociant est peut-être moitié-moitié. Mais moi, j’pars. Pas de travail, pas de chance de survivre. J’m’en vas à Montréal.

Thomas descendit nerveusement l’échelle de corde et sauta dans la petite embarcation, empoignant ses lourds bagages qu’on lui tendait de là-haut.



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