Le couteau sur la nuque by Agatha Christie

Le couteau sur la nuque by Agatha Christie

Auteur:Agatha Christie [Christie, Agatha]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782253024996
Publié: 1933-01-17T23:00:00+00:00


CHAPITRE XV

SIR MONTAGU CORNER

Il était près de dix heures lorsque nous arrivâmes chez sir Montagu Corner, à Chiswick, au bord de la Tamise. La maison, magnifique, se dressait au fond d’un parc. On nous introduisit dans un vestibule lambrissé. À notre droite, par une porte ouverte, nous aperçûmes la salle à manger, avec sa longue table cirée, éclairée par des bougies.

Le maître d’hôtel nous fit monter le grand escalier jusqu’au premier étage et nous pria d’entrer dans une longue pièce prenant vue sur la Tamise et qui avait un air vaguement mystérieux avec ses lampes soigneusement voilées. Dans un coin, devant une fenêtre ouverte, quatre personnes étaient assises autour d’une table de bridge. À notre entrée, l’une de ces personnes se leva et s’avança vers nous.

— Enchanté de faire votre connaissance, monsieur Poirot.

J’examinai avec curiosité le maître de céans. Il avait le type tout à fait israélite avec de petits yeux noirs pétillants d’intelligence. Il était de très courte taille ; ses manières dénotaient une certaine affectation.

— Permettez-moi de vous présenter mes amis : Mr. et Mrs. Widburn.

— Nous nous connaissons déjà, annonça Mr. Widburn.

— Et Mr Ross.

Ross était un jeune homme blond d’environ vingt-deux ans, au visage aimable.

— Je vous dérange dans votre jeu. Mille excuses, dit Poirot.

— Pas du tout. Nous n’avons pas encore commencé. Veuillez accepter une tasse de café, monsieur.

Poirot refusa, mais accepta un verre de vieux brandy.

Sir Montagu se mit à discourir.

Il nous parla d’estampes japonaises, de laques chinoises, de tapis persans, des impressionnistes français, de la musique moderne et des théories d’Einstein.

Puis il se renversa dans son fauteuil, le visage souriant, satisfait de sa petite conférence.

— Sir Montagu, lui dit Poirot, je ne veux pas abuser plus longtemps de votre complaisance et j’arrive à l’objet de ma visite.

Sir Montagu étendit la main.

— Rien ne presse. Le temps est infini.

— C’est du moins l’impression que donne cette maison, soupira Mrs. Widburn. On s’y trouve si bien !

— Je ne vivrais pas à Londres pour un million de livres sterling ! déclara sir Montagu. Ici, on respire cette paisible atmosphère de jadis qui, à notre époque troublée, tend, hélas ! de plus en plus à disparaître.

— Parler de crime dans une telle ambiance me semble impardonnable, commença Poirot.

— Pas du tout, dit sir Montagu. Un crime peut être une œuvre d’art, et un détective un artiste. Il ne s’agit pas, bien entendu, des policiers. Un inspecteur est venu ici aujourd’hui. Drôle d’individu ! Figurez-vous qu’il n’avait jamais entendu parler de Benvenuto Cellini.

— Peut-être est-il venu se renseigner au sujet de Jane Wilkinson ? interrogea Mrs. Widburn, pleine de curiosité.

— Cette personne peut, en tout cas, se féliciter d’avoir assisté à votre dîner, hier soir, observa Poirot.

— Je m’en doute. Je l’ai invitée en raison de sa beauté et de son talent, et dans l’espoir de lui être utile. Elle désirait prendre elle-même la direction d’un théâtre. Il paraît que j’étais destiné à lui rendre un tout autre service.

— Jane est née sous une heureuse étoile, dit Mrs.



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