Le Comte de Foix by Frédéric Soulié

Le Comte de Foix by Frédéric Soulié

Auteur:Frédéric Soulié [Soulié, Frédéric]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Roman, Aventures, Historique, Littérature d’oc et de Rhône, 19e
Éditeur: Bibliothèque numérique romande
Publié: 2020-03-23T00:00:00+00:00


X

Le vieux seigneur s’était retiré dans une vaste pièce toute garnie de boiseries ; et au fond de laquelle était un énorme lit en chêne ; une seule fenêtre étroite donnait de l’air à cette chambre et elle n’avait d’autre porte apparente que celle par laquelle le vieux comte et Crédo y étaient entrés.

Guittard, dès qu’il y fut arrivé, se laissa tomber sur une large chaise en bois, pareille à celle qu’il occupait dans la galerie ; car, malgré sa vieillesse, il n’avait jamais voulu admettre pour lui-même ce luxe de tapis et de sièges garnis de coussins, que les Maures avaient apporté en Espagne et que de Signis avait établi dans certaines parties du château.

— Ne voulez-vous pas vous reposer après une si rude journée ? lui dit Crédo.

— Non, non, dit le vieux Guittard, car le repos qui m’attend sera assez long pour que je ne perde pas dans le sommeil le peu d’heures qui me restent à vivre.

Crédo fit un mouvement pour se retirer, mais le comte le retint en lui disant :

— Demeure, j’ai quelque chose à te dire.

— Parlez, messire, repartit Crédo.

— Attends, reprit le comte, en agitant sa tête comme s’il cherchait quelque chose autour de lui.

« C’est long et terrible, et je ne me souviens pas bien ; mais je l’ai décidé pendant qu’il parlait, et cela se fera.

— J’attends, dit Crédo habitué aux absences de son maître et le regardant pendant qu’il murmurait tout bas :

— C’est cela… oui… elle et non pas lui… c’est plus juste… c’est meilleur…

Il s’arrêta encore une fois, combinant ses pensées qui se présentaient à lui sans ordre, les rappelant, car elles lui échappaient à tout moment, puis tout à coup il s’écria :

— Tu comprends pourquoi il est revenu ?

— Sans doute, dit Crédo, les malheurs de la Provence l’ont touché et le souvenir du pays a fait taire ses justes ressentiments.

— Ses justes ressentiments ! s’écria le vieillard.

« Tu dis ses justes ressentiments ? Je lui ai donc fait injure, quand je l’ai fait déclarer traître et félon ?

» Mais tu as donc oublié qu’il était amoureux de Signis. Un fils amoureux de la femme de son père !...

» N’est-ce pas horrible, n’est-ce pas infâme ?

» Y a-t-il un châtiment trop terrible pour un pareil forfait ?

Crédo eût pu répondre que ce n’était pas le fils qui avait outragé le père, mais le père qui avait enlevé la fiancée du fils.

Cependant, en voyant le regard enflammé du vieillard, le tremblement nerveux dont il était saisi, il craignit de l’irriter encore davantage en lui rappelant un tort qu’il avait si cruellement expié, et avec le remords duquel il luttait depuis vingt ans.

Il se contenta donc de lui dire :

— Je ne juge point ce que vous avez condamné, messire, mais après vingt ans d’absence, une pareille passion doit être oubliée.

— Fou et aveugle que tu es ! reprit Guittard, tu ne comprends rien.

» Il aime encore Signis, il l’aime encore, c’est pour elle qu’il est revenu. C’est pour elle.



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