Le combat des reines by Paul C. Doherty

Le combat des reines by Paul C. Doherty

Auteur:Paul C. Doherty [Doherty, Paul C.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782264047373
Publié: 2010-02-13T23:00:00+00:00


CHAPITRE IX

« Sire, si les barons vous ont causé du tort, cela doit

être redressé. »

Vita Edwardi Secundi

Nous rencontrâmes les barons à la mi-journée, tout au fond de l'enclos de l'abbaye. Le jardin était encerclé sur trois côtés par des bâtiments qui nous dominaient de leurs contreforts menaçants, de leurs corniches sculptées, de leur superbe maçonnerie avec, par endroits, un vitrail qui captait le soleil et resplendissait de brillantes couleurs. Le quatrième mur était garni de créneaux et possédait même, au-dessus de son portail à double battant, un petit corps de garde pour les soldats. Le jardin de l'abbé était ce qu'un poète pourrait nommer un concetto. Orienté avec soin afin de recevoir le soleil, il présentait tous les attributs d'un jardin bien pensé avec ses dallages encaissés, ses pelouses aplanies, ses massifs, ses plates-bandes de simples, ses bancs de pierre, ses banquettes d'herbe et ses charmilles treillissées où des piquets de cuivre fixés par des brins d'osier supportaient rosiers et treilles. De petits viviers miroitaient. L'eau, jaillissant de fontaines en forme de faucons de bronze, retombait en gargouillant et en éclaboussant dans des bassins doublés de plomb. De part et d'autre du portail s'épanouissaient quatre luxuriants ifs qui symbolisaient, selon l'abbé, la Sainte-Trinité et la Vierge Marie. On avait aménagé la pelouse centrale pour le concilium et érigé un pavillon éclatant aux armes de l'abbaye — trois colombes sur champ de sinople. À l'intérieur se trouvait une longue table sur tréteaux couverte d'une toile cirée. Coupes, gobelets, tranchoirs et bols scintillaient sous la lumière s'infiltrant par les ouvertures pratiquées en haut et sur les côtés de la tente. Le doux parfum des herbes se mêlait à celui des fleurs fraîchement coupées et à la fumée odorante qui s'élevait des encensoirs aux bords dorés regorgeant de grains ardents. Chaires et tabourets en nombre avaient été placés à chaque extrémité pour les barons et la délégation de la reine douairière. Au centre, de chaque côté, une chaire à allure de trône était réservée à Robert Winchelsea et à l'abbé Kedyngton, chargés de la médiation et de l'arbitrage. Nous fûmes introduits dans le pavillon. La reine et les principaux barons, Lincoln, Pembroke, Warwick, s'assirent. Lincoln avait une masse de cheveux blancs et l'air affable, il souriait cordialement, les mains sur sa panse généreuse. À sa gauche se tenait Aymer de Valence, comte de Pembroke, grand et anguleux, le visage émacié, le teint jaune ; sa moustache et sa barbe aile de corbeau, taillées avec soin, mettaient en évidence sa bouche efféminée aux lèvres minces. Il plissait les yeux et faisait la moue comme s'il se demandait s'il était bien à sa place. À droite de Lincoln était installé le comte de Warwick. Il était froid et distant, les traits durs, ce que soulignaient encore ses petits yeux qui ne cillaient pas, son nez cassé et sa bouche protubérante comme celle d'un mastiff furieux. On apporta les plats. C'était une légère collation, si je m'en souviens bien : des pâtés de venaison suivis de massepain, arrosés de vins rouges, blancs et doux.



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