Le client le plus obstiné du monde by Simenon Georges

Le client le plus obstiné du monde by Simenon Georges

Auteur:Simenon,Georges [Simenon,Georges]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Alexandriz
Publié: 1946-05-01T22:00:00+00:00


Chapitre 3

L’extravagante histoire de la morte qui n’était peut-être pas la morte

Cent fois, quand on lui demandait le récit d’une des affaires dont il s’était occupé, Maigret aurait eu l’occasion de raconter des enquêtes où il avait joué un rôle brillant, forçant littéralement, par son obstination, par son intuition aussi, par son sens de l’humain, la vérité à se faire jour.

Or l’histoire qu’il devait raconter le plus volontiers par la suite, c’était celle des deux cafés du boulevard Saint-Germain, une des affaires, pourtant, dans laquelle son mérite fut le plus mince, mais qu’il ne pouvait s’empêcher d’évoquer avec un sourire gourmand et satisfait.

Encore ajoutait-il, quand on lui demandait :

— Mais la vérité ?

— C’est à vous de choisir celle qui vous plaira le mieux…

Car, sur un point tout au moins, ni lui ni personne ne découvrit jamais la vérité entière.

Il était midi et demi quand le taxi les déposa en face de la gare de Juvisy, dans la grande banlieue, et ils pénétrèrent tout d’abord, Janvier et lui, au Restaurant du Triage, un restaurant banal, avec une terrasse qu’entouraient des lauriers plantés dans des tonneaux peints en vert.

Est-ce qu’on peut entrer dans un café sans rien boire ? Ils s’interrogèrent du regard. Allons ! Puisqu’ils étaient voués depuis le matin au vin blanc, comme le mort de la rue des Saints-Pères, autant continuer.

— Dites-moi, patron, vous ne connaissez pas ce type-là ?

Et l’espèce de boxeur en manche de chemise qui opérait derrière le comptoir de zinc examinait la photographie truquée du mort, l’éloignait de ses yeux qui devaient être mauvais, appelait :

— Julie !… Viens ici un instant… C’est le type d’à côté, n’est-ce pas ?

Sa femme s’essuyait les mains à son tablier de toile bleue, saisissait avec précaution la photographie.

— Bien sûr que c’est lui !… Mais il a une drôle d’expression, sur cette photo-là…

Et, tournée vers le commissaire :

— Hier encore, il nous a tenus jusqu’à onze heures à boire des petits verres.

— Hier ?

Maigret avait eu un choc dans la poitrine.

— Attendez… Non… Je veux dire avant-hier… Hier, d’ailleurs, je faisais ma lessive et, le soir, je suis allée au cinéma.

— On peut manger, chez vous ?

— Naturellement, qu’on peut manger… Qu’est-ce que vous voulez ?… Du fricandeau ?… Du rôti de porc avec des lentilles ?… Il y a du bon pâté de campagne pour commencer.

Ils déjeunèrent à la terrasse, à la table voisine du chauffeur qu’ils avaient gardé. De temps en temps, le patron venait faire un brin de conversation avec eux.

— On vous renseignera mieux chez mon collègue, qui a des chambres… Nous, nous ne faisons pas hôtel… Il doit y avoir un mois ou deux que votre type est descendu chez lui… Seulement, pour ce qui est de boire, il va un peu partout… Tenez, hier matin…

— Vous êtes sûr que c’était hier ?

— Sûr et certain… Il est rentré à six heures et demie au moment où j’ouvrais les volets, et il s’est tassé deux ou trois vins blancs pour « tuer



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