Le Cinéma Espagnol by Vicente Sánchez-Biosca

Auteur:Vicente Sánchez-Biosca [Vicente Sánchez-Biosca]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Armand Colin
Publié: 2016-04-02T22:00:00+00:00

4. QUEER ET TRANS EN VIDÉOS ET REPORTAGES

Depuis le milieu des années 2000, différents travaux vidéo queer en provenance d’Espagne témoignent d’une approche totalement différente. L’activité queer pro-sexe à Barcelone fut entre autre catalysée par le festival Queeruption, un rassemblement queer radical fondé en 2005 sur les principes de gratuité et de «DIY» («do-it-yourself», fais-le toi-même)37. Établi dans un squat du Carrer Juan Ramón Jiménez38, il constitua le creuset des différents courants de la communauté queer internationale et le déclencheur de l’activisme politique queer qui couvait déjà en Espagne, comme en témoignent les travaux du Grupo de Trabajo Queer, Paco Vidarte, Gracia Trujillo et Javier Saéz del Álamo39. Le documentaire de Lucía Engaña Rojas, Mi sexualidad es una creación artística [Ma Sexualité est une création artistique, 2011], donne un aperçu de la communauté féministe post-porno de Barcelone, dont de nombreux membres ont contribué au Queeruption, et qui s’élève contre les représentations normatives de la sexualité féminine en produisant ses propres films DIY où figurent des pratiques taboues telles que le fisting et l’éjaculation féminine. Dans ce documentaire, des images originales de collectifs comme les Girls who like Porno, la fondation Go Fist et Quimera Rosa alternent avec des interviews de personnes impliquées dans ces actions et qui refusent de catégoriser leurs sexualités. Résolument féministe et intransigeant, le travail de la communauté post-porno s’ancre autant dans la théorie queer des années quatre-vingt-dix (Teresa de Lauretis, Judith Butler) que dans les textes d’activistes telles que Beatriz Preciado, Virginie Despentes et María Llopis40, pour nouer un dialogue continu entre la théorie et la pratique: nombre de ses activistes promeuvent en effet leur travail via l’organisation de débats publics, de conférences et de projections.

Comme on peut s’y attendre, en particulier au vu de la crise économique actuelle et de ses répercussions, c’est à travers ce type de films documentaires, de courts-métrages et de vidéos que se livrent actuellement les travaux les plus subversifs et les plus exigeants autour des questions de l’identité et de la sexualité. Plusieurs documentaires ont pris pour sujet l’activisme trans en Espagne depuis l’an 2000, la plupart s’intéressant principalement à la pathologisation des identités trans: on peut notamment citer El Camino de Moisès [Le Chemin de Moisès, 2005] de Cecilia Barriga, El test de la vida real [Le test de la vraie vie, 2009] de Florencia P. Marrano ou encore Guerriller@s (2010) de Montse Pujantell. De nouveau, des visées très politiques sous-tendent ces films qui cherchent à changer la manière dont sont conçues les identités genrées, mais aussi les lois qui édictent la manière dont doivent être traités les trans, médicalement et civilement – autant de thématiques que les longs-métrages de fiction mettant en scène des protagonistes trans ont jusquelà échoué à traiter avec justesse. Si les transsexuels d’homme à femme (MtF)41 sont fréquemment représentés dans divers films emblématiques du cinéma espagnol, notamment dans ceux d’Almodóvar mais aussi par exemple dans 20 centímetros (20 centimètres) ou dans le travail de l’actrice transsexuelle MtF Antonia San Juan, les protagonistes transsexuels de

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.