[Le Celte] Opération Zombie by Morcet Robert

Auteur:Morcet, Robert [Morcet, Robert]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 2012-06-10T22:00:00+00:00

CHAPITRE IX

Molocevik fit claquer son double six sur le bois de la table. Ses partenaires de jeu grognèrent en chœur. Le joueur suivant se gratta le crâne en souriant de toutes ses dents cariées.

À regret, il passa son tour.

Molocevik lui frappa amicalement l’épaule, avala le fond de son demi de bière et se leva.

– J’arrête, lança-t-il.

Les trois hommes assis gardèrent les yeux sur la ligne brisée dessinée par les dominos. Molocevik s’approcha du comptoir et régla ses consommations. Le patron, un Yougoslave comme lui, déposa sa monnaie sur le zinc. Tout en s’essuyant les mains à un torchon douteux, ses petits yeux sournois à demi fermés derrière le nuage de fumée de son cigarillo, il observait Molocevik ramasser la mitraille.

– Alors, Molo, on va au turf?

Molocevik leva sur le patron ses yeux noirs surmontés de sourcils broussailleux. Ombrageux, il n’aimait pas qu’on l’interroge sur ses activités. Il répliqua:

– Si on te pose la question, dis que tu ne sais pas.

Il pivota la masse de ses cent kilos répartis sur un mètre soixante-quinze et se dirigea vers la porte vitrée.

À quarante ans, imbibé de bière et de gnôle, Molocevik résidait en France depuis quelques années. Il avait émigré clandestinement avec sa femme et ses gosses. Conseillé par des amis, il s’était fait passer pour un réfugié politique. Depuis, il attendait sa carte officielle. En attendant, il touchait le RSA et les allocations familiales pour ses enfants. La France était vraiment un pays accueillant.

Sur le trottoir, il contempla son reflet dans la glace d’une boulangerie. Il poussa le pan de sa chemise entre son ventre proéminent et son pantalon puis passa la main dans ses cheveux bruns tombant en boucles sur la nuque.

Deux de ses gosses, Dimitri et Wladimir, patientaient au bas de son immeuble. Ils étaient en compagnie de Janko lui-même flanqué de ses propres mouflets, Andro et Kielic.

– Salut l’équipe, lança-t-il. Vous avez vos outils?

Les gamins confirmèrent. Dimitri, le plus jeune, avait onze ans. Wladimir, quinze. Les enfants de Janko étaient de grands adolescents de quatorze et quinze ans. Enfin, c’est ce qu’on leur demandait de répondre quand on leur posait la question.

Molocevik sourit en constatant l’impatience des gosses qui se précipitaient déjà vers les voitures, Il était fier de ses fils, Dimitri et Wladimir. C’était vraiment des flèches. Wladimir, l’aîné de la fratrie, était déjà un sacré gaillard qui savait se faire respecter. Dimitri promettait également. Le cadet était malin comme un singe. Il le rappela avant qu’il ne s’engouffre dans la 205:

– Dimitri, viens voir ici!

En sautillant, le gamin revint vers son père qui désigna du doigt son survêtement Lacoste jaune.

– Je t’ai déjà dit de ne pas mettre des fringues claires quand on va en expédition. Va te changer.

Après le retour de Dimitri, la 205 s’éloigna dans la rue de la Glacière. Suivie d’une Clio bleue conduite par Janko, elle se dirigea vers la place d’Italie. Les deux véhicules tournèrent un quart d’heure à vitesse réduite dans le quartier puis stoppèrent en double file au milieu du boulevard Vincent-Auriol.

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