Le Bûcher des vaniteux by Zemmour Eric

Le Bûcher des vaniteux by Zemmour Eric

Auteur:Zemmour, Eric [Zemmour, Eric]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Actualité, Politique
Publié: 0100-12-31T23:00:00+00:00


Mardi 7 juin 2011

Impôts : la théorie du boomerang

C’était il y a dix ans. Laurent Fabius, ministre des Finances d’un gouvernement de gauche, publia une tribune dans Le Monde pour inciter les socialistes à baisser l’impôt sur le revenu ; et de conclure : la gauche pourrait perdre la présidentielle là-dessus. Quelques années plus tôt, Alain Juppé, Premier ministre d’un gouvernement de droite, alourdit l’impôt sur la fortune, que le socialiste Michel Rocard avait plafonné, après avoir rétabli cet impôt que Jacques Chirac avait aboli. Gauche et droite, chacun a successivement endossé le rôle de père Fouettard ou de père Noël des riches. Selon le moment, la conjoncture, les besoins budgétaires. L’idéologie dominante.

Après 1945, et pendant les Trente Glorieuses, on estimait qu’une forte redistribution était nécessaire et juste : on prit beaucoup, de plus en plus, aux riches, pour redonner aux pauvres. Mais la croissance permettait que ce prélèvement ne fût pas confiscatoire. À partir de la fin des années 70, la croissance déclinait, tandis que le poids des prélèvements obligatoires s’alourdissait sans cesse.

La révolte fiscale partit de Californie à la fin des années 70 et finit par atteindre tous les pays occidentaux. Les théoriciens libéraux expliquèrent que plus les riches seraient riches, plus les pauvres en bénéficieraient, car l’argent accumulé et consommé profiterait à tous. C’était le trickle down ; en français : la théorie du ruissellement. À partir des années 80, cette remise en cause des fondements idéologiques de la redistribution poussa le gouvernement américain à alléger l’imposition des plus riches. Des fortunes colossales se bâtirent à une vitesse folle. Les inégalités se creusèrent, retrouvant leur niveau des années 20, avant le New Deal de Roosevelt. Les Anglais suivirent. L’Europe des années 80 forgea son marché unique sur le moins-disant fiscal. La croissance repartit, mais une partie importante des classes populaires des pays occidentaux se prolétarisa. Le trickle down avait des ratés.

De Funès, dans La Folie des grandeurs, n’avait pas lu Milton Friedman, mais avait tout compris : « Il faut que les riches soient très riches et que les pauvres soient très pauvres. » La France résista plus longtemps que les autres, mais finit par suivre le mouvement. Jamais assez pour ces très riches, qui s’exilèrent à Bruxelles ou Londres. Nicolas Sarkozy ne fut pas celui qui commença ce mouvement, mais celui qui l’avoua. Le théorisa. L’assuma. Et en subit le discrédit avec la crise de 2008. Pour lui, ce fut un trickle up : boomerang en français. Depuis, les conservateurs anglais eux-mêmes ont alourdi l’impôt des plus riches. Les républicains américains résistent encore. Les patrons du Cac 40 ont vu leurs revenus augmenter de 2 % en 2010. Il sera difficile de les épargner. L’impôt sur le revenu français est un fromage plein de trous qui ne rapporte presque plus rien. Rajouter une tranche supplémentaire, c’est mettre un cautère sur une jambe de bois. C’est toute notre fiscalité qu’il faut rebâtir. Mais sur quels principes ? Avec quels objectifs ? Un sujet idéal pour une présidentielle.



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