Le bracelet by Andrea maria Schenkel

Le bracelet by Andrea maria Schenkel

Auteur:Andrea maria Schenkel
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions Actes Sud
Publié: 2018-03-01T15:49:42+00:00


Le samedi suivant, Irene et Erna arrivèrent à l’heure convenue devant la tour chinoise du Jardin anglais. Elles attendirent une bonne heure, mais l’admirateur d’Irene ne se montra pas.

— S’il n’arrive pas bientôt, je m’en vais. Je n’ai aucune envie de passer tout l’après-midi à poireauter sur ce banc. Tu es sûre que nous sommes au bon endroit ? dit Erna, de mauvaise humeur.

Irene, qui tenait son sac à main sur ses genoux comme une vieille fille, ignora sa question. Un quart d’heure plus tard, alors qu’elle-même commençait à en avoir assez d’attendre, un garçon en uniforme des Jeunesses hitlériennes s’approcha d’elles. Le gosse s’arrêta, se redressa et fit claquer ses talons. Il gratifia les “deux dames” d’un salut hitlérien et remit une lettre à “Mlle Irene”. Puis il fit une nouvelle fois claquer ses talons et repartit en courant, laissant les deux jeunes femmes abasourdies. Après un bref coup d’œil à l’enveloppe, Irene serra la lettre contre sa poitrine comme un trésor et, les yeux brillants, elle dit à Erna :

— Tu vois, il ne m’a pas fait faux bond, finalement.

— Tu ne l’ouvres pas ?

— Si, si.

La voix d’Irene était hésitante, elle tenait toujours l’enveloppe contre son cœur.

— Allez, ouvre ! s’impatienta Erna.

Irene décacheta précautionneusement l’enveloppe et en sortit une feuille pliée en deux.

— Alors ?

— Il ne peut pas venir, il a eu un empêchement.

— Oui, on avait remarqué.

— Il s’excuse, et dit qu’il m’a mis une photo dans l’enveloppe.

— Fais voir.

Erna essaya de prendre l’enveloppe des mains d’Irene, mais celle-ci l’éloigna à temps.

— Allez ! mendia Erna.

Irene sortit la photo de l’enveloppe avec précaution et la contempla en souriant. Erna la lui prit des mains. Elle tourna le dos à Irene et observa l’homme sur la photo. Uniforme de la Wehrmacht, cheveux blond foncé, lunettes, regard sérieux. Pas l’ombre d’un sourire, rien. Lorsqu’elle vit la petite croix, elle explosa :

— Mais tu es bête, ou quoi ? Irene, tu as perdu la raison ?

— Pourquoi ? bredouilla celle-ci, vexée, en tendant la main vers la photo. Rends-la-moi, c’est la mienne.

— Irene, qu’est-ce qui te prend ? C’est un aumô­nier militaire !

— Et alors ?

— Qu’est-ce qui te prend de choisir un prêtre, Irene ? Catholique, en plus ?

— Quand la guerre sera finie, c’est-à-dire bientôt, parce qu’on aura bientôt gagné, on lui donnera une paroisse, et je serai sa cuisinière. C’est déjà décidé.

— Mais c’est complètement fou.

— Non, pas du tout, et maintenant, rends-moi cette photo !

Irene essaya de la reprendre, mais Erna tendit le bras en l’air pour l’en empêcher, puis se leva et s’éloigna de quelques pas ; elle bouscula alors un soldat qui leur tournait le dos. La photographie lui échappa et tomba lentement sur le sol.

— Holà, mademoiselle !

— Pardon.

L’inconnu se pencha pour ramasser la photo et la tendit à Erna.

— Vous avez perdu quelque chose, dit-il en re­­gardant la photo, avant de lever les yeux vers elle. Erna ?

— Alfred ?

Le soldat n’était autre qu’Alfred Pfaffl. Erna ne l’avait pas reconnu tout de suite.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.