Le bonheur en partant a dit qu'il reviendrait (French Edition) by Bouquemont Cindy

Auteur:Bouquemont, Cindy [Bouquemont, Cindy]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2020-07-23T16:00:00+00:00

CHAPITRE 11

Les autres

Le lendemain matin, Sabine vient me rendre visite comme prévu. À la hauteur, comme toujours, elle prend le temps de m’écouter et trouve les bons mots. Je me sens coupable, ma fille est morte alors qu’elle était censée être en sécurité dans mon ventre. N’est-ce pas le rôle des mamans de protéger leurs enfants ? Moi je ne l’ai même pas entendu mourir…

Sabine me dit que j’ai le droit d’être en colère. Je veux bien, mais pour ça il me faut un responsable. Contre qui pourrais-je être en colère ? Personne n’a fait d’erreur médicale, j’ai été très bien suivie. C’est la vie qui nous a poignardés.

Aaron est gardé par ma sœur pour quelques jours, elle l’a emmené avec ses filles à Center Parcs pour nous laisser seuls. Malgré la situation, il a l’air d’aller bien et s’amuse avec ses cousines. J’ai tellement peur pour lui, que ça affecte sa vie future. Il a perdu son petit frère à l’âge de trois ans et maintenant, il perd sa sœur à quatre ans et demi.

Mon portable déborde de messages de condoléances, de soutien. Je suis consciente qu’il est très compliqué pour les gens de savoir comment se comporter dans de telles situations. Peur d’être maladroit, de raviver la douleur. Je pense que ce qui est le plus dur pour les paranges, c’est que l’entourage fasse comme s’il ne s’était rien passé. Ce bébé, même si vous ne l’avez pas rencontré, il a existé, il a sa propre histoire, il était le rêve de ses parents. Alors prenez le temps, ne laissez pas ces parents endeuillés seuls dans leur douleur, si vous n’avez pas le courage de venir les voir ou de les appeler, envoyez un petit mot, un SMS. Rien n’est pire que le silence dans ces moments-là. N’ayez pas peur de parler de cet enfant, de prononcer son prénom. Si les parents ne sont pas prêts à échanger, vous le saurez rapidement, mais dans le cas contraire ils auront l’occasion de se confier et vous en seront reconnaissants.

Après la mort de Théa, j’ai été peu déçue par l’attitude de mes proches. Et lorsque c’est arrivé, j’ai simplement écarté ces personnes de ma vie. Vivre ce drame m’a aussi permis de faire du tri. Certains ne nous ont pas présenté de condoléances, ils n’ont jamais pris de nouvelles. Je comprends que ce soit dur de trouver les bons mots, mais il ne faut pas non plus pousser mémé…

Dans l’ensemble nous avons plutôt été soutenus, aidés et entourés par la famille et les amis. Sabrina est venue me voir le lendemain de mon retour à la maison. On a discuté, pleuré ensemble et elle a même réussi à me faire rire en me disant qu’elle s’était renseignée sur Internet pour savoir ce qu’elle devait éviter de dire comme bêtises. C’est chouette d’avoir des gens comme ça autour de soi. La plupart de mes amies sont passées à la maison, ou ont été présentes autrement, mais j’ai senti une vague de soutien, indispensable pour ne pas se noyer.

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