Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte by Marx

Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte by Marx

Auteur:Marx [Marx]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Mille et une nuits
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Après la revue du 3 octobre, la Commission permanente convoqua devant elle le ministre de la Guerre d'Hautpoul. Celui-ci promit que ces infractions à la discipline ne se reproduiraient plus. On sait comment Bonaparte tint, le 10 octobre, la promesse faite par d'Hautpoul. Le général Changarnier avait dirigé les deux revues en question en qualité de commandant en chef de l'armée de Paris. À la fois membre de la Commission permanente, chef de la garde nationale, « sauveur » du 29 janvier et du 13 juin, « rempart de la société », candidat du parti de l'ordre à la dignité présidentielle, Monk 4 présumé de deux monarchies, il n'avait jusqu'alors jamais reconnu sa subordination envers le ministre de la Guerre. Il s'était toujours moqué ouvertement de la Constitution républicaine et avait poursuivi Bonaparte d'une protection distinguée et équivoque. Le voilà, qui devenait maintenant le défenseur de la discipline contre le ministre de la Guerre et de la Constitution contre Bonaparte. Tandis que le 10 octobre une partie de la cavalerie faisait entendre le cri de : « Vive Napoléon ! Vivent les saucissons ! *», Changarnier prit ses dispositions pour qu'au moins l'infanterie, défilant sous le commandement de son ami Neumeyer, observât un silence glacial. Pour le punir, le ministre de la Guerre, à l'instigation de Bonaparte, releva le général Neumeyer de son poste à Paris, sous prétexte de lui confier le commandement des 14e et 15e divisions. Neumeyer refusa ce déplacement et fut obligé, par suite, de donner sa démission. Changarnier, de son côté, publia, le 2 novembre, un ordre du jour où il interdisait aux troupes sous les armes les cris et les manifestations politiques de toute nature. Les feuilles à la dévotion de l'Elysée attaquèrent Changarnier, celles du parti de l'ordre attaquèrent Bonaparte. La Commission permanente multiplia ses séances secrètes, où l'on proposa, à différentes reprises, de déclarer la patrie en danger. L'armée parut divisée en deux camps ennemis, ayant chacun son propre état-major, siégeant, l'un à l'Elysée, où habitait Bonaparte, l'autre aux Tuileries, où demeurait Changarnier. Il sembla un moment qu'on n'attendait que la réunion de l'Assemblée nationale pour donner le signal du combat. Le public français apprécia ces frottements entre Bonaparte et Changarnier comme ce journaliste anglais qui les caractérisait de la façon suivante : « Les servantes politiques de la France débarrassent avec de vieux balais la lave brûlante de la révolution et se chamaillent en accomplissant cette besogne. »

Entre-temps, Bonaparte se hâta de relever de ses fonctions le ministre de la Guerre d'Hautpoul, de l'expédier précipitamment à Alger et de nommer à sa place comme ministre de la Guerre le général Schramm. Le 12 novembre, il adressa à l'Assemblée nationale un immense message surchargé de détails, embaumant l'ordre, respirant l'esprit de réconciliation, résigné à la Constitution, traitant de tout et de chacun, sauf des questions brûlantes du moment. Comme en passant, il y laissait échapper que, conformément aux dispositions expresses de la Constitution, le président, seul, dispose de l'armée. Le message se terminait par ces protestations solennelles: « La France demande avant toute chose de la tranquillité.



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