Laura D by mes chères études

Laura D by mes chères études

Auteur:mes chères études [études, mes chères]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2011-10-27T18:41:31+00:00


Chapitre 14

La nervosité

14 janvier 2007

Marchant dans le froid, mon manteau remonté jusqu’au menton, je cours pour ne pas être en retard à mon premier examen d’université. Je stresse pour aujourd’hui, car je passe une épreuve de littérature. J’ai bien sûr lu tous les livres, mais avec beaucoup de retard : je ne pouvais pas les acheter, vu leur prix rédhibitoire, et il a fallu attendre qu’ils soient disponibles à la bibliothèque de la fac.

Ce ne fut le cas que la semaine dernière, et j’ai dû avaler trois livres coup sur coup. J’avais au préalable appris mes cours stupidement, car sans avoir lu les œuvres, ils me semblaient évidemment dénués de sens. La semaine dernière a donc été pleine d’adrénaline. Je courais entre mon travail, mes études, les transports pour aller à l’université, avec en prime le stress des examens. Mais aujourd’hui pour la première épreuve, j’angoisse. Je cours dans les couloirs de la fac pour rejoindre le bâtiment où l’examen a lieu. À mon arrivée, il y a déjà un petit attroupement devant l’amphithéâtre. Lorsque l’on a couru depuis le saut du lit, une fois que l’on s’arrête de bouger, on prend soudain toute la mesure de sa fatigue. Seule la nervosité me fait tenir debout.

Deux jours auparavant, j’ai vu un client. Cette fois-ci, j’avais décidé de garder une partie de mon butin pour une petite gâterie : j’irais faire un peu de shopping. C’est ça le problème avec l’argent rapide. On en veut toujours plus.

Je suis donc allée voir un mec. Il cherchait seulement quelqu’un pour « accomplir des tâches ménagères en petite tenue ». Avec les examens qui approchaient, j’avais toujours autant besoin d’argent, mais j’étais nerveusement moins prête à supporter que l’on me touche. J’ai donc passé deux heures chez ce mec à repasser ses chemises en sous-vêtements, c’est tout. Il m’a filé 100 euros.

Dans le métro qui me mène à l’université, cette histoire toute fraîche est revenue à mon esprit et je me suis soudain sentie sale comme jamais. Je sais bien que cette période de partiels n’est pas la plus propice pour développer l’amour-propre, mais je n’ai pas pu m’empêcher de me détester, de me dire que je n’y arriverais pas. La prostitution est devenue une drogue dès que le salaire de mon job de télémarketing ne suffit plus. En constatant tout le fric que je pouvais me faire, j’ai même envisagé d’arrêter les appels téléphoniques, et de me « consacrer » uniquement à la prostitution. Finis les horaires contraignants, je n’aurais qu’à travailler quelques heures par mois pour me faire le triple de mon salaire actuel.

Mais ce travail de télémarketing, aussi ennuyeux et mal payé qu’il puisse être, reste avec l’université la seule chose qui me raccroche à la réalité, à la vraie vie. Si je ne gardais que mon métier de prostituée, je me dis que rapidement, je tomberais la tête la première dans un réseau, avec un mac au contrôle. Il me ferait lâcher la fac, et je deviendrais sa poule aux œufs d’or à temps plein.



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