Laura brams by Patrick Cauvin

Laura brams by Patrick Cauvin

Auteur:Patrick Cauvin [Cauvin, Patrick]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Publié: 2011-07-20T11:48:33+00:00


Hildegarde Brams eut un regard d’oiseau, un sourire ravi monta à ses lèvres.

« Vous n’allez tout de même pas en prendre encore ? »

Laura éclata de rire.

« Elles ne seront sans doute plus bonnes demain, protesta timidement Blazier.

— Prenez-les, dit Aaron, ma mère est la reine des moules d’Alsmeer à Zwijndrecht. »

Avec remords Michel Blazier fixa la montagne de coquilles qui occupait le centre de la table.

« Vieille coutume, dit Aaron, le visiteur égaré sur ces rivages inhospitaliers n’échappe pas au piège, insidieusement le jus des moules se glisse dans ses veines, demain il ne pourra s’en passer, certains en sont réduits à s’inoculer des seringues entières d’extraits de moule pure. Peu de gens savent que la moule est l’héroïne de la mer, la cocaïne du marin, la schnouf aquatique, la drogue dure du monde des profondeurs salines. »

Tout le monde devait aimer l’aveugle au bout de quelques secondes, il était beau, rieur, blond sur les boiseries sombres.

Une étrange maison, grise sur les dunes jaunes. Elle réalisait un incompréhensible tour de force, pleine de recoins, d’escaliers en spirale et de renfoncements, elle aurait pu être un décor de film d’épouvante et il se dégageait d’elle une impression de gaieté. D’où cela venait-il ?… La voix des deux enfants, des galopades éperdues, des années de jeunesse avaient collé aux murs des larges pièces une pellicule de joies sonores et fraîches… Laura et Télé étaient l’âme réelle de ces salles obscures aux fenêtres étroites… Des verres épais aux reflets de vitraux occultaient l’extérieur, les ondulations des longues herbes courbées par les vents incessants et la mer droit devant étaient invisibles, le navire continuait sa croisière immobile et aveugle.

Blazier se renversa sur le dossier de sa chaise. Des tableaux bitumeux se devinaient au-dessus des linteaux des portes. Il aimait les maisons où l’on pouvait fureter, les lieux qui se dévoilaient lentement et où il semblait toujours qu’une porte donnât sur une pièce inconnue, toujours close…

« Café ! La bibliothèque obligatoire, dit Télé. Comme nous sommes des hommes grands et forts, nous boirons du cognac et fumerons des cigares. Nous autres Hollandais adorons les cigares. Et puis Laura, après avoir desservi, viendra nous enchanter de quelques sonates. »

Laura se débarrassa de sa chaussure et glissa son pied nu sous la jambe de pantalon de Blazier.

« Va te faire foutre, Télé…

— Ne les écoutez pas, dit Hildegarde, séparément ils sont mal élevés, mais ensemble c’est terrible. »

La vieille dame se leva et emporta le plat de coquilles vides. Laura la suivit empilant les assiettes. Blazier regarda les deux femmes s’éloigner par l’enfilade des couloirs. La mer battait sans force, de la mousse sur du sable mou, un bruit de linge mouillé.

« C’est étrange comme elles se ressemblent, n’est-ce pas ? »

Il se tourna vers l’aveugle. Ils étaient les seuls êtres humains que l’on ne voyait jamais comme tels, il n’y avait pas de réciprocité. Il doit se demander à quoi je ressemble, à partir de la voix il doit inventer des images : quel visage



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