L'été où tout a fondu by Tiffany McDaniel

L'été où tout a fondu by Tiffany McDaniel

Auteur:Tiffany McDaniel [McDaniel, Tiffany]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Gallmeister
Publié: 2022-08-17T22:00:00+00:00


16

J’ai chanté le Chaos et la Nuit éternelle.

MILTON, Le Paradis perdu, III, 18

LE MOIS D’AOÛT EST ARRIVé. Une mère de famille hospitalisée pour un coup de chaleur. Une maison de retraite évacuée en bus vers la ville voisine. Un piment dans la bouche. Encore une vache qui meurt. Encore une mouche qui se pose. Une femme qui se coupe les cheveux – des coupes fraîcheur, on appelait ça. Un accès de violence. Un bébé qui pleure, mais qu’on n’entend pas à cause des ventilateurs. Dovey qui sort de l’hôpital. Un coup de pied dans un climatiseur. Dovey qui va aux réunions d’Elohim. Encore un cube de glace fondu. Encore un fermier qui jure. Des coupures d’eau. Otis qui reste à la maison et démolit le berceau. Des puits à sec. Un homme qui vomit son déjeuner parce qu’il fait trop chaud. C’était ça, le mois d’août.

Et au début du mois, la nouvelle de cette vague de chaleur accablant notre ville s’est étendue à travers tout le pays comme une longue phrase qui n’a pas l’intention de se laisser interrompre par un point final.

“Chaleur infernale”, écrivait le Chicago Tribune, tandis que le Boston Globe qualifiait la ville de “Fournaise torride”. Le San Francisco Chronicle était comme un téléphone en ligne directe avec des météorologistes qui mettaient en cause la diminution de la couche d’ozone, tandis que l’Omaha World-Herald publiait de longs articles sur les champs arides et les fermiers que la perte de leurs récoltes mettait à genoux.

L’Indianapolis Star citait un écologiste qui affirmait catégoriquement que la mort du bétail et l’invasion de mouches n’étaient que le prélude à nos propres maladies, quant au Miami Herald, il plaçait Breathed en tête de la liste des dix pires endroits où passer ses vacances.

Et puis sont apparus les articles où il était moins question de la chaleur que de Sal et de ce qu’ils appelaient son “délire satanique”. Le Columbus Dispatch citait un éminent psychiatre qui posait un diagnostic succinct de schizophrénie à début précoce, tandis que le Washington Post donnait une description détaillée de la thérapie et des miracles de la médecine moderne dans le traitement d’un tel trouble.

Le prédicateur baptiste interviewé par le Clarion-Ledger, restant sourd à tout verdict empruntant au vocabulaire médical, préférait parler de Sal comme d’un démoniaque, une personne possédée. Le prédicateur allait plus loin, déclarant qu’il serait plus qu’heureux de procéder à un exorcisme dans le style du Mississippi – moyennant un petit don, bien sûr.

D’autres journaux, comme USA Today, mettaient l’accent sur la couleur de peau de Sal et leurs articles étaient des commentaires émanant de la NAACP1, de la Southern Christian Leadership Conference et d’Al Sharpton. Selon eux, Sal n’était qu’un jeune Noir qui, en se désignant comme le diable, incarnait les allégations de l’homme blanc.

On a vu à Breathed beaucoup moins de journalistes qu’il n’y a eu d’articles publiés. La plupart d’entre eux téléphonaient ou se fiaient à leurs confrères et puisaient dans les thèmes rebattus de la chaleur et de la couleur de peau.



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