L'Arbre-Miroir by Christian Léourier

Auteur:Christian Léourier
La langue: fra
Format: epub
Tags: science-fiction, planet opera, jeunesse, extraterrestre
Éditeur: Voy'el
Publié: 2011-09-19T16:00:00+00:00

CHAPITRE 2

Lorsqu’il franchit la dernière colline, Dan avait décidé de ne pas évoquer l’incident même devant son père. Inutile de compromettre la réussite de son entreprise. Il espérait seulement que la contrition dont Merkhto avait fait preuve était sincère.

De toute façon, il ne regrettait pas d’avoir accepté quand, dernier d’une longue file, son agresseur s’était porté volontaire pour travailler à Lann Faor ; Vélec avait eu raison de penser que la cinquantaine exigée par Dan serait dépassée. Plus de cent indigènes s’étaient proposés. Dan les avait tous acceptés, même les vieillards. Dans deux jours, les volontaires, après avoir rassemblé leurs affaires, établiraient leur campement à Lann Faor. Un détail pourtant inspirait à Dan une amertume dont il se refusait à admettre les implications : aucun juvénile n’avait répondu à son appel.

La crête atteinte, Dan aperçut une plate-forme devant la ferme. Aussitôt il arrêta Kur. Il serra les dents. Ce n’était pas possible, et pourtant...

Le véhicule était frappé aux armes des Prédery.

La main de Dan se porta sur la crosse du pistolet à aiguilles. Puis il se ravisa. Il était plus conforme aux lois de l’hospitalité, et à la raison, d’écouter ce que Gaï avait à dire avant de l’abattre.

— Allons-y ! ordonna-t-il à Kur.

Le bleidd descendit la pente au petit trot. Gaï était seul ; il s’accoudait à la grande table. Il ne se leva pas quand Dan pénétra dans la salle. Son regard se posa sur le pistolet pendu à la ceinture de son hôte ; il ne broncha pas. Les mains posées à plat devant lui, Gaï attendait.

— Lève-toi ! ordonna Dan tandis que lui-même prenait place dans le fauteuil à haut dossier réservé au maître du domaine.

Gaï obéit. L’observant en silence, calculant avec soin la lenteur de ses gestes, Dan arma le pistolet et le posa sur la table, le canon tourné vers le visiteur.

— Tu en as le droit, dit ce dernier.

Il était blême. La sueur perlait à son front.

— Veux-tu en finir tout de suite, ou acceptes-tu d’entendre ce que j’ai à dire pour ma défense ?

— Je n’ai que faire d’un plaidoyer. Donne-moi plutôt la raison de ta visite.

— Je me suis affolé devant l’orage, avoua Gaï. Il est trop tard pour le regretter. Il y a des tâches plus urgentes. Je suis venu me mettre, avec mes machines, à ta disposition.

Du bout du doigt, Dan caressait la crosse du pistolet. Tu n’es pas homme à te venger, avait dit Vélec.

— Quand j’ai compris ce qui se passait, dit Dan, je n’ai tout d’abord pensé qu’à te tuer. En apercevant ta plate-forme, et encore en entrant dans cette salle, j’ai éprouvé le même désir.

Bien que Gaï eût tout fait pour paraître calme, sa détente fut sensible.

— Je ne te supprimerai pas, poursuivit Dan. Non pas à cause de ta démarche, mais pour te montrer de quoi sont capables les Lagdspitz !

Il avait haussé la voix pour prononcer la dernière phrase. Sur le même ton, il continua, martelant les syllabes :

— Je refuse ton aide. Je la repousserais d’où qu’elle vienne, aussi bien.

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