L'Appel des appels. Pour une insurrection des consciences by Christian Laval

L'Appel des appels. Pour une insurrection des consciences by Christian Laval

Auteur:Christian Laval [Laval]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Mille et une nuits
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


N. R.

1 Nicolas Roméas est directeur de la revue Cassandre/Horschamp : www.hors champ.org.

2 Vies politiques [1955], Gallimard, 1974.

3 La Décentralisation théâtrale, éditions Actes Sud-papiers, quatre tomes, réédités en 2005.

4 Cf. Manifeste pour les « produits » de haute nécessité et Cassandre/Horschamp, n° 79, été 2009.

5 Cassandre/Horschamp, n° 78, printemps 2009.

Intermittents :

quand l’économie masque (mal) l’idéologie

par Valérie de Saint-Do1

Cible d’attaques récurrentes, le régime d’indemnisation des intermittents du spectacle, régi par les annexes 8 et 10 de la convention UNEDIC, nourrit beaucoup de fantasmes et d’hostilité. Tout d’abord, précisons qu’il ne s’agit pas d’un statut, mais d’un régime d’indemnisation par les ASSEDIC. On est danseur, comédien, réalisateur, régisseur son ou lumières, pas « intermittent » ! Un artiste ou technicien peut d’ailleurs fort bien, au cours de sa vie, naviguer entre différentes formes de contrats de travail.

Apparu en 1936, le régime d’intermittent du spectacle prenait acte du caractère « discontinu » de l’emploi des techniciens du cinéma et du fait qu’ils travaillaient pour des employeurs multiples. Il a fallu attendre 1969 pour voir ce régime de protection sociale étendu aux artistes-interprètes et aux techniciens du spectacle vivant (puis aux réalisateurs, metteurs en scène…). En France, l’artiste-interprète bénéficie systématiquement de la « présomption de salariat », alors que le statut de travailleur indépendant est généralement la règle en Europe2.

Ce régime n’a cessé de faire l’objet d’attaques du patronat et de certains partenaires sociaux, qui font volontiers vibrer la corde populiste dans l’opinion publique, en dénonçant les « privilèges des intermittents ». L’argument invoqué est d’abord financier : le déficit « insupportable » des annexes 8 et 10 (celui des intérimaires, bien plus important, ne semble pas appeler les mêmes commentaires)… Mais, lors de la négociation sur le protocole de 2003, qui a provoqué un mouvement social sans précédent conduisant à l’annulation des principaux festivals en France, Denis Gautier-Sauvagnac, vice-président et négociateur pour le MEDEF, le déclarait sans ambages : « Peu importe le coût, l’important c’est le fond ! Nous voulons réduire le nombre d’intermittents. »

L’application du protocole d’indemnisation du 26 juin 2003 est l’illustration caricaturale de ces propos. Elle exige des bénéficiaires 507 heures de travail sur dix mois (au lieu de douze mois auparavant), tout en supprimant le plafonnement des indemnisations pour les cachets les plus élevés. La suppression de la date anniversaire d’ouverture des droits permet leur cumul et transforme ainsi un système mutualiste en système assurantiel3.

Le MEDEF et les syndicats signataires, CFDT en tête (dont la représentativité est nulle dans la profession artistique), se sont ainsi arrogés le droit de sélectionner les « mauvais » et les « bons artistes ».

Comment comprendre autrement que la volonté légitime de lutte contre la fraude, les tracasseries visent en priorité les petites compagnies de théâtre, de danse ou de cirque, le plus souvent irréprochables, mais que l’on harcèlera parce qu’un trapéziste démonte le chapiteau, plutôt que les sociétés télévisuelles qui abusent du statut d’intermittant, y compris pour leurs standardistes ?

La CFDT n’est pas en reste dans ce travail de sape, qui considère



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