L'épopée des Gaulois by Markale Jean

L'épopée des Gaulois by Markale Jean

Auteur:Markale, Jean [Markale, Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Historique
Éditeur: Pygmalion
Publié: 2000-03-04T20:49:54+00:00


CHAPITRE V

Les grandes illusions

En ce temps-là, les différents peuples qui étaient venus s’installer sur le territoire qu’on appelle la Gaule, après avoir assimilé les différentes nations qui habitaient autrefois le pays, commençaient à s’organiser selon des coutumes et des usages immémoriaux. En fait, chaque province, chaque tribu, et même chaque famille étaient divisées en clans qui le plus souvent rivalisaient par l’influence, la richesse ou l’habileté, mais qui parfois s’affrontaient entre eux avec violence. À la tête de ces clans étaient les hommes à qui on accordait le plus de crédit à cause de leur valeur et de leur efficacité. C’étaient à ces chefs qu’il appartenait de juger en dernier ressort les affaires et les différends qui restaient à régler, et qui prenaient toutes les décisions utiles au clan lui-même. C’était là une institution très ancienne qui devait avoir pour but d’assurer à tout homme du peuple une protection suffisante face à plus puissant que lui. Un chef de clan avait en effet la mission de défendre ses gens contre toute entreprise mauvaise à l’encontre de ses protégés, et s’il lui arrivait de négliger ses devoirs, il perdait tout crédit auprès des membres des autres clans comme auprès des siens.

Cependant, chez tous les peuples de la Gaule, il y avait deux classes d’hommes qui comptaient dans la vie publique et qui étaient fort considérés. Les gens du peuple se contentaient de suivre les ordres ou les conseils de ces hommes, mais on ne les consultait guère sur les décisions à prendre. La première de ces classes, qui est la plus importante, était celle des druides. Ils s’occupaient avant tout des choses de la religion, présidaient aux sacrifices publics ou privés et réglaient toutes les pratiques religieuses. Les jeunes gens venaient en grand nombre s’instruire auprès d’eux, à l’écart des villages, au fond des forêts.

Mais les druides avaient un rôle encore plus important. C’étaient en effet eux qui tranchaient presque tous les conflits entre clans et entre peuples ainsi qu’entre particuliers et l’on faisait appel à eux comme à une autorité suprême. Si quelque crime avait été commis, s’il y avait eu vol ou meurtre, si quelque différend s’élevait à propos d’un héritage, c’étaient eux qui jugeaient en dernier ressort et qui fixaient les compensations à recevoir ou à donner. Si un particulier, ou même un clan tout entier, ne se conformait pas à leurs décisions, ils lui interdisaient de participer à leur culte, et c’était chez eux la peine la plus grave. En effet, ceux qui étaient frappés de cette interdiction étaient mis au nombre des impies et des criminels, on s’écartait d’eux, on fuyait leur abord et leur entretien, craignant quelque effet funeste de leur contact impur. De plus, ils n’étaient pas admis à demander justice ni à prendre part à la moindre assemblée. Ils étaient donc privés de tous leurs droits et se trouvaient obligés de vivre à l’écart comme des vagabonds sans espoir.

Tous les druides obéissaient à un chef unique qui jouissait parmi eux d’un très grand prestige.



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