L'amour fou du colonel Chang by Gérard de Villiers

Auteur:Gérard de Villiers [Villiers, Gérard de]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2013-09-25T22:00:00+00:00

CHAPITRE XI

— Heather ! cria Malko pour couvrir le bruit des moteurs, stop ! Le colonel est tombé à l’eau.

La jonque ralentit aussitôt. Ramassant le projecteur qui avait servi à assommer le Chinois, il l’alluma et braqua le faisceau sur l’eau, balayant lentement la surface calme. Rien. L’homme de barre n’était plus visible. Il avait dû couler.

— Revenez vers là où nous étions, cria-t-il à Heather Brown.

L’Américaine fit effectuer un demi-tour à la jonque et revint en arrière à petite vitesse. Encore une centaine de mètres et il distingua une tête à la surface. Le faisceau aveuglant lui révéla le Chinois tombé avec Heather. Il nageait maladroitement et n’essaya même pas de se rapprocher de la jonque. Malko, debout à l’avant, continua à balayer la mer devant lui en appelant :

— Colonel Chang !

Il entendit enfin un faible appel. Le projecteur éclaira une tête qui émergeait par à-coups. Le colonel Chang en train de se noyer !

Du bruit derrière lui fit se retourner Malko : le Chinois qu’il avait assommé était en train de se relever, le visage couvert de sang. Il n’alla pas loin. Heather Brown, abandonnant la barre, avait bondi. D’un formidable coup de pied en pleine tête, elle l’expédia par-dessus bord. Puis, revenant à la barre, elle lança la jonque en avant. Dès que Malko fut assez près, il arracha sa chemise, et plongea.

Dans la pénombre, il lui fallut quelques instants pour attraper le bras de l’officier taiwanais qui s’accrocha aussitôt à lui.

— : N’ayez pas peur ! dit Malko, tout va bien aller.

Il le soutint à la surface le temps qu’Heather Brown amène le bateau jusqu’à eux. Chang ne parlait pas, crachait, faisait des mouvements désordonnés… Enfin, à deux, ils parvinrent à le hisser à bord où il resta étendu sur le pont, recrachant l’eau de mer qu’il avait avalée. Malko l’aida à regagner l’avant. Aussitôt, le Chinois récupéra sa serviette, tremblant de froid et de peur. Malko, rassuré, regagna l’arrière.

— Bravo, Heather ! fit-il. On repart vers le Vincennes.

— Regardez ! fit-elle, tendant le bras vers l’avant.

Le gros bateau amarré au ponton était désormais éclairé. Un projecteur, installé à la proue, éclairait la mer très loin. L’hydroglisseur venait vers eux, leur interdisant la sortie de la baie. Il pouvait les éperonner ou simplement les aborder. Impossible de s’enfuir. Malko regarda autour de lui. A côté du ponton, il distinguait une petite plage, devant la colline couverte de jungle.

C’était leur seule chance.

— Gagnez le rivage ! dit-il à Heather Brown, on verra après.

Le gros bateau avait un trop grand tirant d’eau pour les suivre jusqu’au bord.

Heather lança à nouveau le moteur et la jonque fit un bond en direction de la plage. L’hydroglisseur réagit assez vite pour leur couper la route. Alors qu’ils n’étaient plus qu’à une vingtaine de mètres de la plage, la coque racla contre le fond, le moteur eut plusieurs hoquets et, finalement la jonque se planta dans le sable, moteur calé, non loin du ponton de bois qui s’avançait dans la mer.

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