L'amore aux trousses by François Darnaudet

Auteur:François Darnaudet [Darnaudet, François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature française
Éditeur: Sud Ouest
Publié: 2022-09-21T22:00:00+00:00

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NICO ET LE PETIT PERSONNEL

Après le petit-déjeuner, Danchov s’était rendu dans les cuisines de la maison pour interroger Justine, la petite bonne qui avait réceptionné le motard au bout de bois. C’était une jeune femme blonde très fine avec de grands yeux marron. Le vieux détective s’aperçut tout de suite que c’était une personne dégourdie et intelligente.

— Quel âge environ avait ce motard ? demanda-t-il. À quoi ressemblait-il ?

— Entre 35 et 40 ans, réfléchit-elle. Avec le blouson et les bottes, ces gars-là font toujours plus costauds qu’ils ne le sont mais je pense que celui-ci était vraiment grand et baraqué. Genre sportif et dynamique…

— Vous avez vu sa moto ?

— Ah ouais, un vieux truc tout noir qui brillait ! Elle avait l’air très chouette. Ça m’a étonné qu’un homme de cet âge roule avec une moto aussi vieille…

— Vous avez raison ! C’est une moto neuve mais qui est une sorte d’imitation des bécanes des années soixante…

— Ah, je comprends !

— Et Monsieur Darger, il a réagi comment quand il a reçu le bout de bois ?

Elle pouffa de rire. Justine vérifia que la vieille cuisinière ne les entendait pas. Elle murmura :

— Darger, c’est un zombie, ce pauvre homme ! Il est complètement à l’ouest.

— Où puis-je le voir ?

— Il doit prendre le soleil dans la serre au milieu de ses plantes carnivores. Je vais vous y amener…

Nicolas suivit la jeune employée. Ils quittèrent la cuisine par un long couloir qui sinuait jusqu’à une véranda. Elle donnait sur un jardin intérieur de belle taille. Au fond se tenait une petite serre d’une dizaine de mètres carrés.

— Depuis qu’il a perdu la boule, il ne reste calme qu’au milieu de sa collection de plantes, commenta Justine. Des saletés qui se nourrissent de mouches mortes… Je déteste leur odeur ! Je ne vous accompagne pas, si vous le permettez…

— Comme disait ma concierge : « La vieillesse est un naufrage ! », ironisa Danchov. Je plaisante, bien sûr. Votre patron est bien plus jeune que moi.

Justine regarda avec de grands yeux étonnés le détective. Puis elle se retira.

Nicolas remonta l’allée bétonnée qui traversait une pelouse verte taillée à ras. Il frappa à l’entrée de la serre et poussa une porte en bois qui accrochait au béton. Une infirmière entre deux âges, assise face au fauteuil roulant de son patient, se releva machinalement.

— Monsieur… ?

— Bonjour Madame, je suis Nicolas Danchov, le détective privé embauché par Monsieur Peccatte pour le vol des Delacroix…

— Ah, je ne suis que très vaguement au courant…

— Je venais interroger Monsieur Darger.

Elle faillit s’étrangler tellement la requête de Danchov lui sembla irréaliste.

— Monsieur Darger… euh, enfin… ne communique plus très souvent par la parole…

D’un signe de tête, elle conseilla à Nicolas de se placer face à Henry Darger. Il obtempéra en silence.

Le détective observa avec attention l’homme dans le fauteuil roulant. Darger fixait avec une tête de hibou une plante carnivore sur laquelle on avait déposé une mouche morte. Nico ne connaissait que la droséra dans cette famille de végétaux.

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