L’Heure du loup by McCammon Robert

L’Heure du loup by McCammon Robert

Auteur:McCammon, Robert [McCammon, Robert]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Horreur, Loups-garous
Éditeur: Milady
Publié: 2008-05-16T17:52:08+00:00


8

LA DERNIÈRE COURSE

1

Par un chaud matin d’été, un loup noir courait dans les bois.

Mikhaïl avait maintenant quatorze ans, et il maîtrisait pleinement son corps animal, grâce aux leçons de Wiktor et de Nikita. Ses pattes arrière lui permettaient de se propulser tandis qu’avec les pattes avant il freinait et tournait. Le plus important était de toujours rester conscient du sol qu’on parcourait : une terre détrempée, sèche ou craquelée, la roche ou le sable nécessitaient un usage différent des muscles. Parfois il convenait d’être aussi tendu qu’une corde de piano, parfois la souplesse seule convenait. Mais toujours, avait dit Wiktor avec force, il fallait rester conscient.

Le chef de la meute employait souvent ce terme, comme pour le graver dans l’esprit de son jeune élève : « conscient ». De son propre corps, du sang qui courait dans les veines, du jeu des muscles et des tendons, du rythme des pattes. Conscient aussi du soleil dans le ciel, de la direction suivie et du chemin à emprunter pour rentrer. Conscient surtout de ce qui se passait autour de soi : non seulement devant, mais aussi sur les côtés et derrière. Conscient des odeurs et de leurs significations, des empreintes et des signes que la nature offrait à l’œil attentif. Conscient de toutes ces choses et de bien d’autres encore. Jamais Mikhaïl n’aurait cru qu’il était si difficile d’être un loup.

Mais cela devenait, au propre comme au figuré, une seconde nature. L’adolescent supportait beaucoup mieux la souffrance de la métamorphose qui avait d’ailleurs baissé d’intensité, bien que Wiktor lui eût dit qu’elle ne disparaîtrait jamais entièrement. Souffrir faisait partie de la vie, avait compris Mikhaïl. Et la douleur de la métamorphose était effacée par la joie de courir sur quatre pattes, dans un corps puissant aux possibilités enivrantes. Il n’était encore qu’un loup de petite taille, mais Wiktor lui avait assuré qu’il grandirait. Et il apprenait vite. Chaque jour son intelligence s’aiguisait un peu plus, au grand plaisir du chef de meute. Depuis le début de l’été, Mikhaïl avait passé la plus grande partie de son temps sous sa forme animale. Il se sentait nu et misérable dans son corps d’adolescent. Il dormait peu. Le jour comme la nuit permettaient des explorations infinies, des spectacles passionnants. Les yeux du loup voyaient avec une netteté éblouissante mais selon un spectre légèrement différent, et les choses les plus banales prenaient un intérêt nouveau. La pluie se transformait en un rideau de couleurs miroitantes, les traces des animaux dans l’herbe étaient bordées d’une faible auréole bleue laissée par la chaleur corporelle. Son odorat lui procurait aussi des sensations innombrables. La moindre brise était une symphonie de senteurs emmêlées qui racontaient la vie et la mort dans la forêt.

Et il y avait la lune.

Le loup la voyait tout autre que l’humain. L’astre de la nuit était comme une flaque d’argent pur dans la prairie sombre du ciel, parfois couronnée d’un bleu violent, parfois d’un pourpre profond, et en quelques occasions d’une couleur au-delà de toute description.



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