Lady Astronaute by Mary Robinette Kowal

Auteur:Mary Robinette Kowal [Kowal, Mary Robinette]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature, nouveaux
Éditeur: Editions Gallimard
Publié: 2020-08-30T00:00:00+00:00

À Landing, les lumières de la ville se réfléchissaient sur la paroi intérieure du dôme. Un feu d’artifice aurait été presque invisible. Au centre spatial Bradbury, par contre, la vaste esplanade dédiée aux fusées interplanétaires aurait pu englober toute la ville, mais elle était plus facile à assombrir. Il suffisait d’éteindre les lumières de service pour obtenir une vue parfaitement dégagée sur la voûte céleste.

Derrière le verre épais du hublot du sas, Aaron observa les bannières qui proclamaient « 1954-1974 », dans le hangar. L’intérieur du centre spatial était décoré de drapeaux rouges, verts et bleus, pour l’anniversaire.

Il retint le battant pour sa mère, alors qu’elle le suivait dans le sas, en chassant l’omniprésente poussière rouge de ses chaussures. Il déposa le sac de cartes à ses pieds en attendant que les pressions s’équilibrent.

Après un long sifflement, la porte s’ouvrit enfin. Ils prirent pied sur le sol du hangar.

Une foule joyeuse avait déjà envahi la zone, dans un brouhaha de conversations. Plusieurs personnes avaient apporté des couvertures, d’autres transportaient des paniers à pique-nique, comme pour recréer une soirée d’été sur Terre. Diable… le maire était allé jusqu’à ériger une scène pour accueillir une fanfare. Très bonne idée, la musique. Entre l’atmosphère martienne et l’épaisseur du dôme, le feu d’artifice ne ferait pas beaucoup plus de bruit qu’un claquement de fouet.

En général, les gens croyaient que les feux d’artifice se limitaient à des boum et à des éclats de lumière, mais non. Si sa mère lui avait appris quelque chose, c’était bien l’idée de communion. L’espace d’un soir, tout le monde respirerait le même air, avec son lot de « oh ! » et de « ah ! ».

Aaron fit sauter la sécurité de son casque, puis le retira, troquant l’air recyclé au goût métallique de sa combinaison contre l’air recyclé au goût métallique du hangar, avec des relents de carburant brûlé. Brûler des choses, pas de problème, l’odeur était agréable – tant qu’on y ajoutait un peu de soufre.

Les mains de sa mère luttèrent avec la sangle de son propre casque. Les gants épais de la combinaison rendaient ses doigts malhabiles. D’ordinaire, ils étaient si agiles…

Non, ce n’était pas que la combinaison. Aaron ne s’était jamais habitué à l’idée de la savoir fragile.

« Tiens. » Il lui tendit le sac de cartes perforées. « Laisse-moi t’aider. »

Sa bouche se redressa en un sourire résigné. Le haut-parleur externe de la combinaison grésilla. « Considérons que c’est la faute de la combi. Rien à voir avec mon grand âge.

— C’est tout à fait ça. » Il tira sur la sangle en grognant. « Ce foutu truc est coincé.

— Triomphe ! Ce n’est pas ma faute ! » Sa mère leva les bras au ciel.

Son geste retourna le sac de cartes… qui s’envolèrent en arc délicat, dans la légère gravité martienne.

« Merde ! » Sa mère pivota sur elle-même, bras tendus vers les cartes perforées.

Un court instant, Aaron fut plus stupéfait par son juron que par les cartes.

Les cartes… bordel ! Il se retourna, puis bondit pour les rattraper.

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