L'abominable sirène by Gérard de Villiers

L'abominable sirène by Gérard de Villiers

Auteur:Gérard de Villiers [Villiers, Gérard de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Espionnage
Éditeur: Plon
Publié: 1969-01-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE X

Sa dernière prière rapidement marmonnée, le Père Melnik sortit de sa chambre, illuminée par un soleil radieux. Il n’était guère plus de huit heures du matin et l’hôtel Scandia dormait encore. Une partie de la nuit, le prêtre avait considérablement réfléchi. Il craignait cette folle de Yona. On ne peut pas protéger un homme vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Quant à Stéphanie, elle semblait hors d’atteinte, sous la garde vigilante de Boris.

Il ne restait donc qu’une solution.

Par téléphone, il avait fait demander un taxi qui attendait devant l’hôtel. Il frappa un coup léger à la porte d’Otto Wiegand.

— Entrez.

Le prêtre glissa sa silhouette massive dans l’entrebâillement.

L’Allemand était étendu sur son lit. Il n’avait pas fermé l’oeil de la nuit. Dès qu’il s’endormait, il apercevait Stéphanie avec le Danois. Et la sarabande commençait. Stéphanie était là avec lui, il l’appelait, pleurait, étouffait des cris de rage.

Pas une seconde de repos.

— Qu’y a-t-il ? demanda-t-il d’une voix lasse.

Le Père Melnik prit l’air mystérieux.

— Je viens de voir le Russe partir seul pour le village et ta femme est dans la salle à manger. Ce serait peut-être le moment de lui parler…

Otto sourit sardoniquement.

— Lui parler. À cette salope. Après ce qu’elle a fait.

Avec les mots les plus crus qu’il put trouver, il parla de sa femme. Ça lui faisait du bien. Le Père Melnik hocha la tête, désolé.

— C’est une bonne occasion pour lui demander des comptes. Tu ne vas pas te laisser détruire sans rien faire, Ossip Werhun. Allez, viens.

L’Allemand hésita près d’une minute. Mais la tentation de parler à Stéphanie fut la plus forte. Il se leva et passa une veste. Le père s’effaça pour le laisser sortir et, au moment où il passait devant lui, lui asséna une manchette sur la nuque à assommer un boeuf.

Otto Wiegand ne poussa même pas un gémissement, s’affala sur place comme un sac. Prestement, le prêtre le chargea sur son épaule et ouvrit la porte d’un coup de pied.

Son plan avait le mérite de la simplicité. Il emmenait Otto jusqu’à Aalborg. Et, de là, dans un tranquille couvent ami, à Copenhague. Là, il laisserait les choses se calmer. Et ses hôtes le feraient sortir du pays le moment venu, avec Otto. Ils avaient rendu des services plus délicats. On doit s’entraider entre confrères.

Loin de Stéphanie et de son influence maléfique Otto reprendrait une attitude plus normale…

L’employé de la réception ouvrit de grands yeux devant l’étrange spectacle. Le Père Melnik sourit gracieusement et lui dit en croate :

— Que Dieu vous ait en sa sainte garde.

Ce qui laissa l’autre de marbre. Déjà le prêtre déposait le corps de son ami dans le taxi dont le chauffeur tenait la porte obligeamment ouverte, comme cela se fait au Danemark.

Otto grogna, mais ne se réveilla pas.

— En avant, ordonna le prêtre. Je suis très pressé.

Il fit le tour de la voiture pour monter à côté du corps inerte.

Juste pour se trouver nez à nez avec Boris Sevchenko. Le Russe ne souriait pas du tout. Les mains dans les poches de sa veste, il contemplait le Père Melnik avec un dégoût non dissimulé.



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