La vie meme by Inconnu(e)

La vie meme by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e) [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2017-09-16T09:08:29+00:00


33

Une voiture rouge mal garée

— Il y a un temps pour poser des questions… Canales, comment Bob Dylan dirait-il cela ? demanda José Daniel, les yeux cernés, en alignant sur son bureau les neuf petits verres en carton.

— … Et un temps pour répondre à des questions… Dylan selon l’Ecclésiaste, répondit Canales, écroulé sur une chaise.

Il aurait voulu cacher ses jambes et ne savait où les fourrer.

Barrientos était toujours juché sur le classeur et, dans cette position, répondait au téléphone.

— Le temps n’est pas venu de poser les questions. Pour poser une bonne question, il faut connaître une partie de la réponse. Mais même ainsi : que faisait-elle dans l’église ?

— On l’a tuée tout habillée, dit Barrientos en jouant avec la robe jaune qu’on leur avait apportée, et dont le corsage était ensanglanté et déchiré par le couteau. Et il précisa : D’abord on l’a tuée et ensuite on l’a déshabillée.

— Il y avait la trace du talon d’une botte qui avait marché dans le sang, dit J.D.

Il se mit à la dessiner :

— Comme ceci, très exactement.

— Vous l’avez photographiée ?

— Je n’y ai pas pensé.

— J’y vais, chef.

— Nous ferons cela demain, à moins que la police de l’État n’ait tout effacé… Et de votre côté, rien ?

Canales dit que non.

— Ils ont téléphoné une fois à la capitale, pour faire leur rapport. Ils vous ont insulté plusieurs fois en invoquant votre mère, chef, parce que vous êtes arrivé le premier, mais rien de plus.

J.D. se leva de son fauteuil et se dirigea vers la fenêtre. Les rues étaient vides.

— À quelle heure le jour se lève-t-il, ici ?

— Dans une demi-heure, dit Barrientos.

Et il s’étira pour répondre à un appel téléphonique.

— Oui ? Où ? demanda-t-il.

Puis se tournant vers José Daniel :

— Ils ont retrouvé la voiture rouge.

J.D. s’étira et essaya de toucher la partie supérieure de l’encadrement de la fenêtre. Il prit la petite casquette et le fusil accroché derrière la porte.

— J’y vais, les émissions vont commencer dans un moment. J’ai un lit dans le studio. Voulez-vous que je dise encore quelque chose ? interrogea Canales.

— Faites-leur un résumé de ce qui s’est passé hier soir.

Barrientos ouvrit la marche.

— Comment y allons-nous ? demanda J.D. en se frottant le corps pour chasser le froid.

— Sur l’autre moto, la vieille.

J.D. contempla le ciel. Les étoiles de Santa Ana apparaissaient toutes les nuits : par milliers, soleils pâles qui brûlaient. Sa barbe poussait à la chaleur des étoiles. L’Aveugle donna un coup d’accélération. J.D. monta sur le siège arrière, mit soigneusement son fusil en bandoulière, et gémit :

— Je suis prêt, sous-chef.

La moto démarra à toute vitesse dans les rues solitaires. À 100 kilomètres à l’heure sous les étoiles, dans un air glacial qui le faisait trembler comme à la fin d’une semaine de cuite, José Daniel Fierro, de sa main libre, enfonça sa casquette jusqu’aux oreilles.

— Nous arrivons, chef. C’est le lotissement « Les Émeraudes ». Celui qui se trouve derrière la colline, sur la nationale.



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