La Vie des Termites by Maurice Maeterlinck

La Vie des Termites by Maurice Maeterlinck

Auteur:Maurice Maeterlinck [Maeterlinck, Maurice]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Essai et Chronique, Animaux, Société, Littérature belge, 20e
Éditeur: Bibliothèque numérique romande
Publié: 2020-08-17T00:00:00+00:00


LES RAVAGES

I

La termitière, telle qu’elle s’étend et se multiplie dans son paysage tropical, avec ses lois d’airain incroyablement ingénieuses, sa vitalité, sa fécondité formidable, serait un danger pour le genre humain et couvrirait bientôt notre planète, si le hasard ou je ne sais quel caprice de la nature, généralement à notre égard moins clémente, n’avait voulu que l’insecte soit très vulnérable et extrêmement sensible au froid. Il ne peut vivre sous un climat simplement tempéré. Il lui faut, comme je l’ai déjà dit, les régions les plus chaudes du globe. Il a besoin d’une température qui va de 20 à 36°. Au-dessous de 20, sa vie s’arrête, au-dessus de 36, ses protozoaires périssent et il meurt d’inanition. Mais là où il peut s’installer, il exerce de terribles ravages : Termes utriusque Indiæ calamitas summa, disait déjà Linné. « Il n’y a pas, sur les parties chaudes et tropicales de la surface de la terre, une famille d’insectes dont les membres mènent une guerre aussi incessante contre l’œuvre de l’homme », ajoute W. W. Froggatt, qui les connaît mieux que personne. Les maisons croulent, intérieurement rongées de la base au sommet. Les meubles, le linge, les papiers, les vêtements, les chaussures, les provisions, les bois, les herbes disparaissent. Rien n’est à l’abri de leurs déprédations qui ont quelque chose d’effarant et de surnaturel, parce qu’elles sont toujours secrètes et ne se révèlent qu’à l’instant du désastre. De grands arbres qui semblent vivants et dont l’écorce est scrupuleusement respectée, tombent d’une pièce lorsqu’on y touche. À Sainte-Hélène, deux agents de police causent sous un énorme Mélia couvert de feuilles, l’un d’eux s’adosse au tronc et le gigantesque fébrifuge, complètement pulvérisé à l’intérieur, s’abat sur eux et les couvre de ses débris. Parfois le travail destructeur s’accomplit avec une foudroyante rapidité. Un fermier du Queensland laisse un soir sa charrette dans un pré ; le lendemain, il n’en retrouve que les ferrures. Un colon rentre dans sa maison après cinq ou six jours d’absence ; tout y est intact, rien n’y paraît changé et ne révèle l’occupation de l’ennemi. Il s’asseoit sur une chaise, elle s’effondre. Il se rattrape à la table, elle s’aplatit sur le sol. Il s’appuie à la poutre centrale, elle croule en entraînant le toit dans un nuage de poussière. Tout a l’air machiné par un génie facétieux, comme dans une féerie du Châtelet. En une nuit, ils dévorent, sur son corps et pendant son sommeil, la chemise de Smeathmann qui campe à proximité d’un de leurs nids afin de l’étudier. En deux jours, malgré toutes les précautions prises, ils anéantissent les lits et les tapis d’un autre termitologue, le Dr Henrich Barth. Dans les épiceries de Cambridge, en Australie, tous les articles en magasin deviennent leur proie : jambons, lard, pâtes, figues, noix, savons s’évanouissent. La cire ou les capsules d’étain qui coiffent les bouteilles sont percées afin d’atteindre les bouchons et les liquides s’écoulent. Le fer-blanc des boîtes de conserves est scientifiquement attaqué : ils râpent d’abord



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