La vie des plantes by Emanuele Coccia

La vie des plantes by Emanuele Coccia

Auteur:Emanuele Coccia [Coccia, Emanuele]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions Rivages
Publié: 2018-04-15T04:00:00+00:00


« Nous nous ferons une idée plus exacte de cet organe, écrivait Augustin Pyramus de Candolle au XIXe siècle, en disant que la racine est cette partie de la plante qui, dès sa naissance, tend à descendre vers le centre de la Terre avec plus ou moins d’énergie. C’est à ce caractère dominant des racines que quelques naturalistes ont fait allusion, lorsqu’ils ont désigné la racine d’une manière générale sous le nom de descensus16. » Elles sont l’essence de la descente : la voie vers le bas, la plongée géologique de la vie. Leur existence – comme si elles étaient des Otto Lidenbrock, mieux, des Arne Saknussemm non humains – est un perpétuel voyage au centre de la Terre, une tentative de se confondre avec lui. Déjà Thomas Andrew Knight, au début du XIXe siècle, avait constaté qu’« il ne peut échapper à tout observateur, même le plus inattentif, que peu importe la position dans laquelle on la met, la semence pour engendrer sa racine fera invariablement l’effort de descendre vers le centre de la Terre, tandis que le germe allongé prendra la direction exactement opposée17 ». Prolongeant les recherches de Julius Sachs18, Charles Darwin, avec son fils Francis, situe l’origine de cette force dans l’extrémité des racines : « C’est dans l’extrémité que se localise la faculté de subir l’action de la pesanteur. […] Les diverses parties du même végétal, et les diverses espèces de plantes, écrit-il, sont affectées par la gravitation de manières bien différentes, et à degrés divers. Quelques organes et quelques plantes montrent à peine des traces de cette action. […] En ce qui concerne les radicules de beaucoup de semis, et probablement de tous, la sensibilité à la gravitation est localisée dans l’extrémité, qui transmet l’influence reçue à la partie immédiatement supérieure, et détermine son incurvation vers le centre de la Terre19. »

On aurait tort de voir dans cet amour pour la terre le simple effet de la gravité : la racine ne se limite pas à apercevoir et à subir passivement la force gravitationnelle, comme le fait tout corps à la surface de la Terre. Certes, la gravité est « la force la plus constante et la plus permanente parmi toutes les forces environnementales qui agissent sur les plantes20 », mais la réaction à la gravité n’est pas la même que celle que les autres corps – les corps animaux – affichent. Ce n’est pas simplement l’effet du poids, c’est une attraction différente, une force de croissance dirigée vers le centre de la planète. Darwin l’avait remarqué : « Le géotropisme […] détermine l’incurvation de la radicule vers le bas ; mais cette force, très peu considérable, est tout à fait insuffisante pour perforer la terre. Cette pénétration s’effectue parce que l’extrémité appointée (protégée par la pilorhize) est pressée vers le bas, par suite de l’expansion longitudinale, ou de la croissance de la portion terminale rigide ; cette dernière se trouve encore aidée par la croissance transversale, et l’action cumulative de des deux forces est considérable21.



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