La valse des tulipes by Ibon Martín

La valse des tulipes by Ibon Martín

Auteur:Ibon Martín [Martín, Ibon]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Actes Noirs, Policier/Thriller, Littérature Espagnole
ISBN: 9782330139513
Éditeur: Actes Noirs
Publié: 2020-09-02T12:56:06+00:00


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29 octobre 2018, lundi

Cestero avance d’un pas vif entre les étalages de fruits et de légumes de saison. Il y a des odeurs de forêt : des champignons, des chanterelles et des bolets, proposés par quelques vendeurs. La pomme est omniprésente, il y en a de toutes les couleurs ; la châtaigne aussi est de saison. L’arôme âpre du fromage se faufile par endroits, ainsi que les notes douces du chorizo et du boudin à l’oignon.

— Regardez mes choux. Les premiers de la saison. Et mes choux-fleurs ! propose une vieille femme dans une blouse où se mêlent les bleus et les orangés.

Ane et Aitor lui sourient et poursuivent leur chemin. Ce n’est pas le moment d’admirer les produits du terroir. Chaque seconde perdue peut être fatale à la femme disparue.

— Des noix d’Orozko ! chante une vendeuse, qui dépose quelques fruits secs dans la main de Cestero.

— Eskerrik asko, murmure l’ertzaina avant de continuer sa route.

C’est lundi, jour de marché à Gernika, mais pas n’importe lequel. C’est le Dernier Lundi d’octobre, le jour de la foire la plus importante de l’année. Les visiteurs venus de tous les recoins de la Biscaye envahissent les rues où se multiplient les étals. Ils cherchent le meilleur fromage, le cidre à maturité, tous les produits de la ferme. Mais ce matin-là autre chose les préoccupe : les crimes de ces jours derniers ont agi comme un aimant et des milliers de curieux ne parlent que de cela.

— Fromage de Gorbea, des terres d’Arraba, lance une femme en leur tendant une assiette.

Les ertzainas l’écartent d’un geste. Cestero mâche encore les noix de la vendeuse précédente. De nouveau le sourire aimable.

— Il va falloir demander, dit Aitor.

Derrière lui, Radio Euskadi émet son émission matinale dans un studio de fortune installé au milieu des poivrons et des miches.

Cestero hausse les épaules. Il n’y a pas d’autre solution. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Elle s’adresse à une vendeuse qui s’empresse de lui couper quelques morceaux de pomme qui craquent sous la lame du couteau.

— Goûtez-moi ça. Un produit local, de Kortezubi. Moins de deux euros le kilo.

— Nous cherchons l’éventaire d’une paysanne qui…

— Toi, tu n’es pas d’ici, hein ? dit la femme sur un ton soupçonneux.

L’ertzaina hésite. Qu’est-ce qu’on considère d’ici ou d’ailleurs ?

— Heu, de Pasaia…

— Ouais, le Guipúzcoa… Je me disais bien… Là-bas, ils ont cette manie de dire “paysanne”… Nous on préfère dire “fermière”.

Cestero écoute en feignant d’être intéressée. Dans sa course contre la montre, elle n’a pas de temps à consacrer aux batailles sémantiques.

— Fermière, répète Aitor derrière elle. – Au ton de sa voix, on devine le désir forcé de plaire à la femme qui vend ses pommes. – Vous pourriez nous dire où s’installait généralement Charo Etxebeste ?

La femme repose son fruit sur la table et les toise d’un air étonné.

— Des policiers ? Je ne m’en étais pas aperçue, comme vous n’avez pas d’uniforme… – Elle baisse la voix jusqu’à ce qu’elle devienne un murmure.



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