La Terre promise by Gagnon Hervé

Auteur:Gagnon, Hervé [Gagnon, Hervé]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller
ISBN: 9782755640106
Éditeur: Hugo Roman
Publié: 2019-03-04T05:00:00+00:00

31

Roland se sentit choir dans le vide. Presque au même instant, sa chute fut brutalement interrompue et une douleur aveuglante le traversa de part en part. Il lui fallut une seconde pour comprendre qu’on le tenait par le poignet. Le visage de Hellenbrand apparut au-dessus de lui, contorsionné par l’effort. Sa tête, son bras droit et une partie de son torse étaient avancés dans une ouverture carrée. Anna se matérialisa à son tour, étira le bras et l’empoigna par le manteau. Ensemble, ils le tirèrent vers le haut et il se retrouva bientôt allongé dans l’herbe, haletant et au bord de l’inconscience tant il avait mal aux côtes.

— Putain… se lamenta-t-il en se retournant péniblement sur le dos, la douleur dans ses côtes irradiant tout son côté gauche.

Il sentit qu’on déboutonnait son manteau et son veston, puis qu’on le palpait. Il ouvrit les yeux et trouva le visage inquiet de l’amnésique penché sur lui.

— Heureusement que le bandage du docteur Gadal est solide, déclara-t-elle. Il a probablement empêché vos côtes de se déplacer et de perforer votre poumon.

— Je suppose que c’est une bonne nouvelle, rétorqua Roland, incapable d’apprécier l’annonce à travers les pulsations de souffrance qui l’enveloppaient.

Il resta étendu jusqu’à ce que la douleur se calme un peu et se tourna pour s’appuyer sur son coude droit. Avec d’infinies précautions et l’aide conjointe d’Anna et de Weinsteiner, il réussit à s’asseoir.

— Vous arrivez à respirer  ? s’enquit-elle.

En se tenant les côtes, il prit quelques inspirations prudentes. La douleur était là, mais endurable.

— Je suis vivant. Ça doit vouloir dire que je respire. Mais ça fait un mal de chien.

— Vous auriez eu encore plus mal si vous aviez atteint le fond, intervint Hellenbrand, encore un peu essoufflé par l’effort considérable qu’il venait de fournir.

Le jeune homme était accroupi près d’une ouverture carrée dans le sol, devant la poignée de l’épée qui saillait toujours du mur. Roland lui adressa une interrogation silencieuse.

— Voyez vous-même, lui suggéra Hellenbrand.

De peine et de misère, il s’approcha, avec Weinsteiner et Anna. Il jeta un coup d’œil dans l’ouverture et écarquilla les yeux.

— Putain de Dieu… fit-il en se sentant blêmir.

L’épée insérée dans le mortier sous la croix cathare avait déclenché un mécanisme ancien. Une trappe aménagée sous une mince couche de terre s’était ouverte sous lui. Environ trois mètres plus bas, le fond était émaillé d’une dizaine de piques de fer rouillées, mais encore bien pointues. Ébranlé, Roland se retourna vers celui qui l’avait sauvé d’une mort certaine.

— Merci, dit-il avec une reconnaissance sincère. Sans vous, je serais empalé au fond de ce trou.

Le jeune juif lui répondit par un hochement sec de la tête.

Et en train de rôtir en enfer sous le regard réjoui d’un archange un peu tordu, ajouta Roland pour lui-même. Et en compagnie de mon père. Le souvenir de Gondemar de Rossal, se tordant dans les flammes éternelles, vint raviver son sentiment de culpabilité. Il se châtia intérieurement. Il devait avancer. Et vite.

— Je ne comprends pas, fit Anna d’un ton perplexe.

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