La submersion du Japon by KOMATSU Sakyo

La submersion du Japon by KOMATSU Sakyo

Auteur:KOMATSU Sakyo
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Philippe Picquier


2

Une pluie sale tombait à torrents sur l’obscurité des grandes cités ruinées.

Une grande partie des incendies fut freinée par la pluie, mais des centaines de foyers étaient encore actifs.

Au séisme s’étaient ajoutées toutes sortes de circonstances malheureuses : heures de pointe de la circulation, moment de la préparation du dîner, marée haute et enfin un raz de marée haut de huit à dix mètres.

Les deux aéroports de Tokyo avaient aussi été endommagés. Les avions des lignes internationales étaient détournés sur Osaka, Seoul, Taipei, Manille ou Hong-Kong.

A 23 heures de cette même nuit, le Yoshino franchissait le chenal Uraga. Ceux qui étaient à bord avaient déjà vu de loin les incendies qui ravageaient le rivage de la baie de Sagami, alors que le Yoshino approchait de la péninsule Miura, mais quand le navire entra dans le chenal, la brise salée apporta une puanteur indéfinissable et bizarre. En doublant le cap Kannon, la pluie, qui avait été intermittente jusque-là, se mit subitement à tomber en trombes, et on ne put plus faire grand-chose dehors. Cependant, de la passerelle, Onodera pouvait voir les flammes s’élever des réservoirs souterrains, c’était comme les feux des enfers.

« Tokyo brûle, murmura Kunieda, qui se tenait à côté d’Onodera. Kawasaki, aussi, et Chiba…

— Je suppose que les raz de marée sont montés il y a environ trois heures, dit Onodera, tirant la capuche de son imperméable pour mieux se protéger la tête.

Les dommages doivent être terribles. »

Le Yoshino évoluait à vitesse réduite, de sept à huit nœuds. La sirène d’un vapeur retentit au milieu de la pluie. Sur les eaux noires autour du bateau, on pouvait distinguer toutes sortes de choses qui flottaient : caisses, tatamis, bidons, morceaux de bois, débris… même des cadavres…

Dans l’obscurité et la pluie, quelqu’un cria : « Un homme à la mer ! »

Le capitaine donna l’ordre de stopper et d’envoyer un canot de sauvetage au secours du malheureux.

Le projecteur du bateau balaya la mer, mais on ne voyait que vagues et pluie. Quelques minutes passèrent dans une attente anxieuse.

Un matelot cria : « Le canot de sauvetage revient !

— Ça a marché ? L’avez-vous trouvé ? cria quel qu’un du bateau impatiemment, sans attendre le retour du canot.

— Oui… mais il est devenu fou…

— Monsieur Tadokoro, dit Onodera en se tournant vers lui, debout, sans imperméable. Quelles destructions ! Le littoral de Tokyo est entièrement anéanti.

— Ce n’est qu’un début », répondit Tadokoro entre ses dents. On voyait la pluie dégouliner sur ses joues mal rasées. « Ce n’est… encore que le commencement…

— Que sont devenus Yamasaki et Yasukawa ? se demanda Yukinaga. Sont-ils saufs ? »

Enfin la nuit de destruction, d’incendies, de raz de marée et de pluie noire s’acheva. La pluie avait cessé, ne laissant plus qu’un squelette atroce à la place de la grande ville. L’incendie continuait encore sur le littoral et une fumée noire s’enroulait, stagnante, audessus de la mer, tel un gigantesque boa.

Pour se rendre au bureau du Premier ministre, Onodera prit un hélicoptère à Yokosuka en compagnie de Tadokoro et de Yukinaga.



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