La Souplesse du dragon by Javary

La Souplesse du dragon by Javary

Auteur:Javary
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2013-07-14T16:00:00+00:00


Globalement l’organisation et la stratégie du xiangqi ne semblent pas très éloignées de celles des échecs : il s’agit toujours de l’affrontement entre deux camps rangés en ordre de bataille et dirigés chacun par une autorité centrale qui doit être éliminée. Dans la marche de certaines pièces, on retrouve aussi des équivalences : le cheval (馬/马 mǎ) du xiangqi avance en ligne droite puis en diagonale ; à l’extrémité de chaque camp il y a un char de guerre (車/车 chē), qui se déplace comme la tour ; devant se tient une rangée de pions-soldats, etc. Mais les différences sont plus essentielles et tiennent à la configuration du plateau. Traditionnellement, celui-ci n’est pas en bois ou en tout autre matériau solide ou précieux, mais en papier, la plus noble des matières au pays des lettrés et des peintres-calligraphes. La disposition des lignes n’y est pas régulière sur toute la surface, elles sont interrompues par une zone vide située entre les deux camps : c’est un fleuve. Il correspond à la réalité géographique chinoise qui vit les fleuves comme des frontières : ce cours d’eau constitue un véritable obstacle qui ne peut être traversé que par certaines pièces. Le préfet (相 xiàng dans un camp, 象 xiàng dans l’autre) ne peut pas franchir la rivière : comme tout fonctionnaire d’État, son pouvoir n’est effectif que dans son propre pays. À l’instar de la Grande Muraille, la limite matérialisée par la rivière est plus qu’une frontière séparant deux adversaires, c’est une ligne de partage culturel séparant les Chinois sédentaires des barbares nomades.

Cet affrontement, récurrent tout au long de l’histoire chinoise, apparaît aussi dans les noms donnés à certaines pièces selon qu’elles appartiennent à un camp ou à l’autre. Les pièces du xiangqi n’ont pas de formes caractéristiques comme celles du jeu d’échecs, ce sont juste des petits palets ronds sur chacun desquels un idéogramme précise la fonction. L’équivalent des pions par exemple sera marqué du côté des Chinois par le caractère 卒 zú et du côté des barbares par le caractère 兵 bīng, deux caractères signifiant l’un et l’autre « soldat ». Mais l’idéogramme désignant le soldat chinois a comme élément significatif le signe du vêtement, évoquant l’uniforme des combattants disciplinés, alors que celui du côté des barbares, montrant une main portant une hache, évoque plutôt le reître brutal. Une autre pièce propre au xiangqi marque elle aussi cette différence : le canon. Ce mot s’écrit en chinois 炮 pào, un caractère combinant le signe général de tout ce qui est enveloppé, amassé sous une forme sphérique comme le boulet (包), avec le signe du feu (火) qui le projette. Les barbares d’Asie centrale, eux, n’ont pas une telle arme, alors la pièce correspondant au canon des Chinois est une catapulte dont le nom, 砲 pào, s’écrit avec le même caractère que celui du boulet, mais cette fois combiné avec le signe de la pierre (石).

Cette pièce a un bien curieux fonctionnement. Au xiangqi, comme aux échecs, la prise d’une pièce se fait à l’issue d’un déplacement direct (sans obstacle).



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