La sorcellerie by Charles Louandre

La sorcellerie by Charles Louandre

Auteur:Charles Louandre [Louandre, Charles]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Sciences humaines
Éditeur: In Libro Veritas (www.inlibroveritas.net)
Publié: 1970-06-15T00:00:00+00:00


XVI.

De l'aiguillette.—Comment on la noue et on la dénoue.—Des philtres.—Les sorciers improvisent l'amour et l'amitié—De l'alphabet sympathique et de la télégraphie humaine.

En même temps qu'il donnait la mort par l'envoûtement, le sorcier, par l'aiguillette, empêchait l'homme ou la femme de transmettre la vie. Ce maléfice, connu de l'antiquité, est mentionné dans Virgile et dans Ovide. Le nouement de l'aiguillette se faisait ordinairement pendant la cérémonie du mariage. Le sorcier opposait aux paroles du prêtre des paroles magiques, en prononçant le nom des deux époux, s'il voulait les ensorceler, tous deux, ou seulement le nom du mari ou le nom de la femme ; s'il ne voulait en ensorceler qu'un seul. De plus, lorsque le prêtre disait les paroles sacramentelles, celui qui pratiquait le maléfice faisait un ou plusieurs nœuds à un bout de cuir, de laine, de coton ou de soie qu'il tenait à la main, et dès ce moment l'aiguillette était nouée, c'est-à-dire que la consommation du mariage devenait impossible, et restait impraticable aussi longtemps que le nœud n'était point défait. Le maléfice était beaucoup plus puissant encore, quand on avait fait passer le nœud magique à travers l'anneau nuptial. La femme pouvait elle-même nouer l'aiguillette à son mari, et pour cela il lui suffisait, le jour de ses noces, de jeter son anneau de mariage à la porte de l'église où la bénédiction lui avait été donnée, ou bien, la première union contractée devant un prêtre, d'en contracter immédiatement une seconde devant un juif, un excommunié ou un Turc, ou bien encore d'envelopper une aiguille dans un drap mortuaire et de mettre cette aiguille sous du fumier.

Dans l'antiquité, les procédés étaient différents. On faisait des figures de cire, comme dans l'envoûtement du moyen âge ; on prononçait sur ces figures des imprécations, et on leur enfonçait des clous ou des aiguilles à la place du foie, siège de l'amour. Le moyen le plus sûr de se préserver de ces maléfices, c'était de porter dans le chaton d'une bague une dent de belette ; mais une fois le sortilége opéré, la personne qui avait noué l'aiguillette pouvait seule la dénouer. Elle devait surtout faire attention à ne point couper le nœud, car dans ce cas l'enchantement était éternel.

L'aiguillette, comme toutes les choses du moyen âge, avait son contraire, et les hommes qui, dans certains cas, détruisaient l'amour, le produisaient dans d'autres circonstances. La huitième églogue de Virgile fait connaître avec détail les pratiques au moyen desquelles on allumait dans le cœur des hommes ou des femmes d'irrésistibles passions. Dans ce curieux morceau de poésie, on voit une sorcière, fatiguée de l'indifférence de son amant Daphnis, essayer, pour exciter ses feux, des formules les plus efficaces. On la voit portant une figure de cire au pied des autels, l'apostropher dans les termes les plus passionnés. Elle ceint cette figure de trois bandelettes de couleurs différentes, et s'adressant à Amaryllis, elle la conjure de nouer les trois bandelettes de trois nœuds, et de dire, en faisant cette opération, qu'elle serre les liens de Vénus.



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