La Route des Flandres by Simon Claude

La Route des Flandres by Simon Claude

Auteur:Simon, Claude [Simon, Claude]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature française
Éditeur: Minuit
Publié: 1960-06-14T23:00:00+00:00


III

La volupté, c’est l’étreinte d’un corps de mort par deux êtres vivants. Le « cadavre » dans ce cas, c’est le temps assassiné pour un temps et rendu consubstantiel au toucher.

MALCOLM DE CHAZAL.

Il parlait et maugréait encore, mais je fis tomber son briquet : nous tâtonnions dans le noir maintenant, trébuchant dans l’escalier de bois, naturellement le vieux n’était pas rentré et pas de canard alors, c’était à prévoir sans doute était-il en train de cuver son genièvre, il persistait comme une faible lueur dans la chambre celle qui s’attarde encore après le crépuscule on pouvait voir luire le bois du lit je me cognai contre la chaise et la fis tomber cela fit un bruit épouvantable dans la maison vide nous restâmes un moment écoutant comme si on avait pu l’entendre de la route puis je tâtonnai de nouveau dans le noir pour la ramasser posai mon fusil m’assis je vis alors qu’il s’était couché tel que sur le lit je dis Merde tu pourrais au moins retirer tes éperons, puis il n’y eut plus rien, c’est-à-dire ne me souvenant de rien, je pense que j’avais dû m’endormir là d’un bloc peut-être avant même d’avoir fini de parler, peut-être n’étais-je même pas arrivé jusqu’à éperons l’avais-je simplement pensé le néant le noir sommeil me tombant dessus comme une cloche m’ensevelissant alors que j’étais assis sur la chaise penché en avant ma main tâtonnant essayant de déboucler la courroie de mes, pensant quelle idée nous avions eue de les remettre puisque nous avions laissé les chevaux à l’écurie quel besoin, leurs mollettes étaient bloquées par les caillots de sang à force de lui avoir labouré les flancs le dimanche quand nous avions fait ces quinze kilomètres presque tout le temps au galop pour repasser le pont avant qu’il saute, une fois il nous raconta qu’un de ces vieux types en pantalon rayé tube gris moustache à la phoque et rosette à la boutonnière l’avait payé pour qu’il le monte (Le monter ? dis-je, Oui le monter quoi Comme un cheval Faut te faire un dessin ? – me regardant de ses gros yeux surpris comme si j’étais un idiot ou à peu près), Iglésia lui passant un filet dans la bouche, la cravache à la main, revêtu de sa casaque de jockey botté et il avait dû mettre des éperons, le type tout nu à quatre pattes sur le tapis de sa chambre il devait le cravacher lui scier la gueule et lui érafler le ventre de ses éperons, racontant cela de sa même voix morose perpétuellement et naturellement scandalisée de sorte qu’il était impossible de savoir s’il s’indignait réellement : tout au plus trouvait-il peut-être la chose simplement un peu incompréhensible mais pas tant que cela après tout, dégoûtante aussi, mais pas tellement non plus, habitué qu’il était aux excentricités des riches ayant pour eux cette complaisance songeuse plus stupéfaite qu’outrée et un peu mais pas tellement méprisante des pauvres, putains maquerelles ou larbins ; cela me tomba dessus



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